Je venais d’emménager dans mon premier appartement solo.
Emily Norma Ballantyne, portée disparue depuis 1991
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Un matin, mon concierge tout guilleret vient me voir, une de ses cigarettes Smoking à la bouche, et m’annonce que ma voisine de pallier, une jeune femme autochtone, est décédée dans la nuit.
Elaine Frieda Alook, portée disparue depuis 2004
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Je regarde depuis le couloir et voit dans le cadre de porte un matelas renversé avec ses draps au sol. Comme une scène de lutte. Ou de détresse.
Abigail Andrews, portée disparue depuis 2010
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Sans se démonter, le joyeux concierge me lance avec enthousiasme :
– « Y a plein de cochonneries dans son appart, mais tu peux prendre ce que tu veux! »
– …
Shelley Anderson, portée disparue depuis 2009
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Tina Fontaine, retrouvée assassinée en 2004
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Si je vous dis Tina Fontaine? Et si je vous dis Cédrika Provencher?
Si je vous dis que les deux étaient mineures quand elles ont été assassinées et que leurs corps ont tous deux été retrouvés tout récemment chez nous?
Vous voyez le problème?
Quelques-unes des femmes autochtones disparues et assassinées
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Québec. Été 2014. J’attends mon lift. Il fait beau, chaud mais pas trop, je viens de prendre un petit verre sur une terrasse avec des amis pour mon anniversaire, et j’attends mon lift pour aller jouer au théâtre à l’extérieur de la ville.
Maisy Odjick, portée disparue depuis 2008
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Au bout de la rue se pointe un couple. Ou en tout cas, un homme et une femme. De loin je ne peux pas les entendre, mais je peux voir qu’il marche près d’elle. Qu’il est toujours tourné vers elle. Des amoureux?
Shelly Dene, portée disparue depuis 2013
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Loretta Saunders, assassinée en 2014
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Les femmes autochtones tuées dans les dernières années au Canada sont plus de 400. L’une d’elles, une jeune et brillante rouquine (Oui! oui! Rousse et autochtone) enceinte depuis peu, avait entrepris des études doctorales sur la situation des femmes autochtones disparues ou assassinées. Les autres 800 sont tout simplement portées disparues. Leur nombre augmente plus vite que l’élucidation de leurs départs. Le jour où l’une d’elles a été portée disparue par ses proches, la police a refusé d’ouvrir une enquête et nous étions tous rivés sur nos écrans parce qu’au lieu de rechercher la jeune fille, toutes les caméras de la province parcouraient un autre secteur où un lionceau s’était échappé d’un zoo. Oui, un lionceau méritait toute notre attention. Pas cette enfant.
Val d’Or, 2015 : Des femmes autochtones ont dénoncé les abus policiers dont elles auraient été victimes. Plusieurs ont peur depuis.
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Le duo se rapproche petit à petit. Je me rends compte que l’homme et la femme ne marchent pas côte à côte. Lui se tient toujours près d’elle, mais elle tente de l’éviter. De fuir. Et lui l’en empêche. Il lui bloque le passage. Peu importe la direction vers laquelle elle se tourne, il va se poster devant elle.
Amanda Bartlett, portée disparue depuis 1996
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Avec le scandale à Val d’Or, où des policiers de la SQ auraient agressé sexuellement des femmes autochtones, qu’au moins quatre d’entre elles les ayant dénoncés auraient depuis disparu, la confiance – c’est le moins qu’on puisse dire – est pas mal maganée.
Proches de la jeune Tina Fontaine, retrouvée assassinée
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Ils sont presque arrivés à ma hauteur. Lui, camisole blanche, tatous, calotte, tient son poing en l’air devant le visage de la femme au sac à dos, aux yeux noirs et bridés, le teint basané, les cheveux noirs rassemblés dans une queue de cheval un peu molle, le visage couvert de larmes.
Shannon Mary Mathewsie-Alexander, disparue depuis 2008
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Si j’ai déjà laissé sous-entendre que l’islamophobie et le machisme causaient des torts irréparables, je vous confierai que j’observe des uns, de l’indifférence, de d’autres, carrément du racisme à l’endroit des populations autochtones. À l’échelle de leur histoire, il s’agit d’un génocide culturel, aussi appelé ethnocide.
Enfants autochtones ayant fui les pensionnats où on les mettait pour les couper de leur famille, de leur langue et de leur culture. Comme plusieurs autres en quête de leur liberté, ils ont été retrouvés morts gelés.
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– « Laisse-moi m’en aller. »
Lori Lee Berens, disparue depuis 1985
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Certes, il y a eu le mouvement Idle no more, une enquête publique a enfin été annoncée, les Autochtones commencent à apparaître dans la littérature comme autre chose que le bon ou le mauvais sauvage et autres stéréotypes, un cours sur les Autochtones deviendra obligatoire à l’Université de Winnipeg et les Premières Nations restent les plus courageuses dans la défense des enjeux environnementaux, mais elles manquent encore tellement de ressources, compactées dans leurs petites réserves où nos ancêtres les ont enfermées, que la Croix Rouge a déjà décrété l’État d’urgence dans certaines communautés où l’eau, l’électricité et les logements salubres manquaient depuis des décennies, tout comme la nourriture autre que périmée.
Delores Dawn Brower, disparue depuis 2004
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– « Laissez-la partir. »
Le gars n’a pas aimé que je lui dise ça. Il a compris que j’avais compris. Il a essayé de jouer les héros pour se défiler. M’a vomi qu’elle dépendait de lui, qu’elle ne connaissait personne ici, que son ex venait de la sacrer là, qu’il l’hébergeait et bla bla bla. Un peu plus et il pensait me faire croire qu’il la menaçait pour lui sauver la vie!
Cynthia Albena Audy (a.k.a. Stevens), disparue depuis 2004
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Maggie Lea Burke, disparue depuis 2004
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D’autres faits troublants surviennent dans ces régions si lointaines à nos yeux, alors qu’elles font pourtant partie de notre pays. Des enfants meurent d’infections respiratoires sans que le personnel médical ne dise la vérité aux parents, des citernes d’eau potable sont infectées par la bactérie E. Coli, les suicides se multiplient, on impose la ligature des trompes à certaines femmes contre leur gré, des enfants qui ont été envoyés dans un hôpital de Blanc-Sablon n’ont jamais été revus par leur famille, des milliers d’enfants autochtones ont été envoyés, abusés, sont souvent décédés dans des pensionnats un peu partout au Canada jusqu’en 1996 (!!!) et le quart des victimes d’homicides au pays sont des autochtones alors qu’ils ne représentent que… 5 % de la population. C’est dire que les Autochtones ont statistiquement 7 fois plus de risques d’être assassinés que le reste de la population canadienne.
Mosaïque des femmes autochtones disparues ou assassinées;
incomplète, puisque les disparitions et les meurtres se poursuivent.
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Je me fichais de ce qu’il déblatérait, l’autre. Parce que pendant qu’il me chiait ses conneries, elle, elle poursuivait son chemin sans lui. Elle s’éloignait sans se retourner et avant qu’il ne m’ait lui-même laissée, elle avait disparu.
Chantelle Alice Rose Bushie, disparue depuis 2015
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Solutions?
- Sensibilisez les gens autour de vous.
- Défendez les personnes qui vous paraissent en difficulté si cela ne met pas en danger votre sécurité; en lequel cas, appelez de l’aide.
- Dénoncez les crimes dont vous êtes victime ou témoin :
Si vous détenez des informations au sujet de l’une ou l’autre de ces disparitions ou de ces meurtres, contactez Crime Stoppers au 1-800-222-8477. Crime Stoppers recueille des informations de façon anonyme.
Rinelle Harper, 16 ans, Oji-crie ayant, en 2014, été sauvagement battue et laissée pour morte à Winnipeg, a ajouté sa voix à celles qui réclament une commission d’enquête nationale sur les meurtres et les disparitions de femmes autochtones au Canada.
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