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À toi, mon amie

Tu sais, toi, mon amie à qui le cœur est en train de saigner. Qu’est-ce que je peux te dire? Qu’est-ce que je peux faire pour arrêter cette hémorragie avant qu’il ne soit trop tard? On dit qu’il n’y a rien à faire, que seul le temps pourra réparer tout ces dommages. On dit que tu as un peu mérité ton sort. On dit aussi que dans la vie, on récolte ce que l’on sème… alors qu’on sait très bien que, la plupart du temps, les pires crimes de l’humanité sont commis contre de pauvres victimes innocentes. Bref, on dit bien des choses pour soulager notre conscience et tenter de faire taire ces petites voix que sont nos remords.

Je t’aime comme si tu étais ma petite sœur et j’adore jouer à la maman avec toi en te préparant de bons petits repas, en te sortant du pétrin, en surveillant tes arrières. Alors, il m’est très difficile d’accepter tout ce mal que tu t’infliges, tout ce mal qu’il t’administre à froid comme ça, sans sédatif. Je t’ai toujours dit de tout me dire, même les vérités les plus laides et les détails que tu sais très bien que je n’approuverais pas. On a cette relation particulière qui fait en sorte qu’il n’y a pas de voile dans ce que l’on se raconte. Je t’encourage également à toujours foncer tête première pour obtenir ce que tu désires, à redoubler d’efforts devant les adversités et à poser les actions qui traduisent le plus fidèlement possible tes valeurs, qui respectent ton petit cœur. Je te martèle la tête avec : « Dans la vie, il faut s’écouter, essayer, faire des erreurs et les réparer ». Et tes proches te répètent toujours : « Be bigger than the situation ». Tu es une combattante, une vraie soldate, les défis n’en sont pas réellement en croisant ton chemin. Tu es à la fois forte et sensible. Tu apprends à être proche de tes sentiments, à ne pas être un robot sans toutefois devenir une pleurnicharde qui s’apitoie sur son sort. Quand c’est difficile, tu réussis maintenant à sortir de ta cave et à voir le soleil dans la nuit. Tu t’entraînes, tu étudies, tu travailles, tu as des ambitions, tu vois tes amis, tu t’améliores en cuisine : tu es saine. Tu ne te plains jamais. Tu savoures mon bonheur, ma joie.

Mais tu souffres tellement, mon amie. Je le ressens. Je le sais que tu luttes pour ne pas tout abandonner. On t’a demandé d’être patiente, de mettre ta vie sur pause pour qu’il digère le fait que tu n’étais pas prête pour lui cet été. Je sais que c’est lui que tu veux, que tu ne t’es jamais autant battue pour quelqu’un. Qu’en raison de ton amour pour lui, ton amour, tu veux réparer les erreurs que tu as causées, tu vas le laisser te malmener comme ça, tu vas accepter qu’il te laisse partir! Je sais aussi que tu n’es pas une véritable martyre, que tu sais très bien au fond de toi qu’il va revenir et que lorsque ce jour sera venu, tu vas savourer les bons moments à ses côtés. Je sais aussi qu’il n’est pas insensible à ce qui t’arrive, qu’il t’observe de loin.

Tu n’aimeras pas ce que j’ai à te dire, ce que je pense de tout ça. Je veux que tu arrêtes de souffrir. Je veux que tu mettes des plasters sur tes bobos, que tu te dises : « Ah pis fuck off, qu’il mange un char de merde » et que tu partes sur une chire. Que tu me demandes de t’aider à l’oublier, que tu te noies dans de nouvelles petites relations platoniques. Que tu apprennes à vivre seule, sans aucun mec dans ta vie. J’aimerais que vous arrêtiez de vous battre pour vous aimer. J’aimerais ça que ce soit doux, tendre, que ce soit un réel bonheur de le retrouver chaque soir après une journée au boulot. J’aimerais que tu ne sois plus tourmentée, que tu ne sois plus dans cette situation. J’aimerais que tu te concentres sur tout le reste, que tu partes pour Montréal, que tu t’installes dans ton chez-toi et que la vie continue. Alors, arrête! Mets-toi en mode robot et laisse-le partir, referme-toi un instant, le temps de tourner la page. Je suis prête à t’aimer pour deux. Allez, baisse les bras. Je suis navrée, mais renonce à tout ça. À ta place, je m’enverrais chier, car je ne suis personne pour juger votre relation, mais de l’extérieur, tout ce que je vois c’est un feu rouge, un panneau stop. Allez, immobilise la machine de guerre, laisse-la même couler et sauve-toi. En fait, je t’écris un peu tout ça pour te faire pleurer de colère ou de tristesse et que tu puisses avoir mal pour d’autres raisons que son absence…

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