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Ado à l’ère des réseaux sociaux

Ma réflexion pour écrire cet article a commencé après le visionnement d’un épisode de la série Black Mirror. Si tu ne connais pas, tu te dois d’aller en regarder un ou deux épisodes sur Netflix. Celui dont je te parle s’appelle Nosedive (saison 3, épisode 1). En résumé, les personnages dans la série sont constamment sur un réseau social et doivent mettre des cotes aux gens qu’ils croisent. Plus leur score est élevé, plus ils sont haut placés dans la société. J’ai décidé d’expérimenter une activité avec mes élèves de secondaire 5, qui, on va se le dire, passent en majorité beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Après le visionnement, nous avons discuté du sujet. J’ai senti que, même s’ils trouvaient l’émission un peu tirée par les cheveux, cela les avait un peu troublés, voire même sensibilisés à leur propre utilisation des réseaux sociaux. Par contre, c’est après avoir fait la même activité et après avoir eu la même discussion avec une élève que je scolarise à la maison que j’ai constaté toute l’ampleur que ces réseaux prenaient dans nos vies.

Vois-tu, Lily (nom fictif), elle en avait assez des réseaux sociaux. En fait, ça lui a gâché la vie. C’est même la raison pour laquelle elle ne va plus à l’école, pis ça, j’ai trouvé ça pas mal triste. Lily a été victime de cyberintimidation, pis pas à peu près : groupes Facebook pour la bitcher, conversations secrètes sur elle qui se continuaient en classe, faux profils, name it. Je n’imagine même pas le cauchemar qu’elle a vécu. T’sais, quand tu te fais cyber intimider, c’est dur de te sentir en sécurité, même chez vous. Ça te suit partout. En tous cas, elle ne feelait pas pantoute, Lily, fait qu’elle a tout supprimé: Facebook, Instagram, Snapchat, Messenger. TOUTE! Quand je lui ai demandé comment elle se sentait au moment de tout flusher, elle m’a répondu qu’elle avait l’impression qu’on lui avait enlevé un poids énorme de sur les épaules. Étant moi-même addict aux réseaux sociaux, j’ai renchéri en lui disant que ça avait dû être difficile au début, ce à quoi elle m’a répondu que sa santé mentale l’en remerciait beaucoup et qu’elle n’avait aucune envie de revenir dans le monde virtuel.

Elle m’a aussi parlé de son estime d’elle-même qui en a pris un coup, en grande partie à cause de l’intimidation, mais aussi parce qu’elle se comparait constamment (comme beaucoup d’entre nous) aux standards quasi inatteignables et biaisés des fameuses stars Instagram (appelé.es communément les « Instababes »). Ces photos-là sont parfois trompeuses – pis on le sait! – c’est juste qu’on se laisse impressionner par le mode de vie proposé, dans toute sa superficialité. Elle le sait, Lily, que ces filles et gars-là ne sont pas toujours joyeux, ne mangent pas toujours de la bouffe hyper classe et n’ont pas toujours l’air de sortir d’un magazine. Mais ça lui jouait dans la tête quand même.

Quand je suis sortie de notre cours, je me suis questionnée sur ma propre consommation de réseaux sociaux; à quel point on pouvait être voyeurs parfois; à quel point c’était facile de passer des commentaires aux gens sans faire face à leur réaction; à quel point c’était important d’avoir le plus de likes possibles sur une photos ou sur un post, et j’en suis venue à la triste conclusion que malgré tout ça, j’étais pas mal trop accro pour m’en départir. Pis ça, ça me fait peur un brin. Alors, quand mon cœur d’enseignante pense à tous nos ados et futurs ados, ça m’inquiète. Je me demande jusqu’où ça va aller. Des fois, j’me dis qu’on n’est pas bien loin du monde imaginaire de Black Mirror. On s’approche dangereusement.

Source photo de couverture

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