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Allô, je suis une anxieuse chronique

Je suis anxieuse. Très anxieuse. J’ai 32 ans pis je sais ça maintenant.

Je le suis depuis toujours.

À titre d’exemple, ça fait 25 ans que je ronge mes ongles compulsivement. En fait, c’est pas tant mes ongles que littéralement mes doigts. (Sérieux, j’suis un peu cannibale et ça me fait peur!)

Enfant, j’avais plein de tics nerveux. Quand je me vois sur les vidéos de famille des années 90, je peux pas m’empêcher de plaindre la petite Sophie stressée. J’ai le goût de la prendre dans mes bras en lui disant : « Eh boy, t’es pas sortie du bois, fille, mais ça va être correct. »

J’étais particulièrement peureuse aussi. J’énumérais toutes les catastrophes naturelles possibles à ma mère pour qu’elle me confirme que ça n’arriverait pas. « Pas de tornades? Pas d’ouragans? Pas de tremblements de terre? Pas de volcans? Pas d’araignées venimeuses? » (Je dérogeais parfois des phénomènes climatiques.)

Maintenant, ça va mieux, mais mes peurs ont changé. Quand j’ai mal à la tête, l’idée que ce soit une tumeur au cerveau n’est jamais bien loin, mettons.

Ce n’est pas une anxiété sociale, par contre. J’aime être entourée de beaucoup de gens. Je préfère clairement sortir jaser avec du monde que de rester seule chez nous. Je n’ai donc pas l’air tellement anxieuse, aux premiers abords, parce que je semble super à l’aise. C’est quand on me connait bien qu’on catch assez vite!

J’ai longtemps eu des symptômes physiques bizarres auxquels j’ai cherché des explications, en vain. Mes expériences en médecine traditionnelle furent peu convaincantes, on va se l’dire, surtout depuis que je suis à Montréal. (C’est plate, mais c’est d’même.) J’ai vu principalement des médecins en clinique d’urgence qui n’en avaient rien à foutre de moi et de mes petits maux weirds. Il aurait fallu que je fasse une hémorragie sous leurs yeux ou qu’une bosse se mette à pousser live dans mon front pour qu’ils démontrent un peu d’intérêt.

Il y a quelques années, j’ai eu une période intense d’étourdissements qui a duré plusieurs mois. Tsé, le feeling juste avant de perdre connaissance. La moiteur. Les nausées. Le manque d’air. Ponctués de fréquentes chutes de pression. Très class, en plein milieu d’un 5 à 7.

J’ai consulté tellement de médecins différents que je ne les compte plus sur mes doigts (les deux mains, là) et passé tellement d’heures en salle d’attente que j’aurais pu écrire un mémoire de maîtrise à la place (j’exagère à peine)!

La plupart du temps, le même diagnostique :

Maux de cœur : « Anxiété, j’peux rien faire. »

Étourdissements : « Anxiété, j’peux rien faire. »

Manque d’air : « Anxiété, j’peux rien faire. Ou peut-être de l’asthme… Tiens, v’là une pompe au cas. »

« Fais-tu du sport? Du yoga? De la méditation? »

Ben oui, je fais tout ça. Si je suis ici, c’est parce que j’y arrive pas seule.

Un moment donné, j’ai vu un ORL. J’étais rendue là. Un généraliste m’avait griffonné négligemment une prescription, pensant que c’était peut-être mon oreille interne le problème.

C’était pas l’oreille interne.

L’ORL a dit : « anxiété », mais pas suivi du classique « j’peux rien faire ».

Il m’a prescrit une mini-dose d’antidépresseurs. Je voulais pas, au début. Ma vie allait bien. J’étais pas déprimée. What the fuck, l’antidépresseur?

Il m’a dit que ça allait juste aider les connexions dans mon cerveau à mieux se faire pis que j’allais pas développer de dépendance à cette dose minime-là.

J’ai dit ok. Il était fin. C’était le premier qui m’écoutait vraiment et qui n’avait pas l’air de penser que j’étais juste une patiente hypocondriaque.

J’suis pas du genre à vanter les bénéfices des antidépresseurs, mais j’suis pas du genre à conseiller de les fuir comme la peste non plus (c’est quoi mon genre, coudonc?)

Dans mon cas, c’est peut-être un effet placebo, mais ça a replacé quelque chose. Ça a stoppé les étourdissements assez rapidement et j’ai arrêté de perdre connaissance randomly partout, ce qui est assez pratique. J’ai arrêté le médicament après 1 an et les étourdissements ne sont pas revenus. Yé!

L’anxiété est encore crissement là, par exemple, mais je vis mieux avec elle. C’est rendu ma chum. Une chum gossante, mais une chum quand même. Elle fait partie de moi. J’ai développé mes propres trucs, pas tant médicaux, pour la calmer, comme :

-Avoir le soleil dans ma face.

-Courir dehors.

-Visionner une série feel good que j’ai déjà regardée pour mettre mon cerveau à off. (Friends, The office, New girl, etc…).

-Lire dans un bain chaud.

-Faire à manger. Quelque chose de bon, de santé, de coloré.

-Boire un verre avec des amies et dire des niaiseries.

-Me faire flatter par mon chum.

Mais je crois que le meilleur truc, c’est d’en parler. Sans crainte et sans honte. À des amis, de la famille, à son chum/blonde, à un centre d’aide, à n’importe qui qui ne porte pas de jugement, qui n’y va pas de conseils moralisateurs et qui prend notre condition au sérieux.

On est de plus en plus sensibilisés au trouble anxieux et c’est une très bonne chose.

Parce qu’on ne devrait jamais se satisfaire d’une réponse comme : « anxiété, j’peux rien faire ».

Source photo couverture

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