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Combien je vaux?

Combien je vaux?

Une question qui hante nombre des jeunes adultes qui composent ma génération. Dans une société qui nous force à évaluer notre valeur, ou de nous la faire attribuer par une paye beaucoup trop maigre, il est bien difficile de déterminer où l’on se situe sur l’échelle salariale. Un CV garni de diplômes et de mentions d’honneur, mais dépourvu d’expériences, c’est un peu être la fille top chix mais sans personnalité; ça paraît bien, mais ça ne garantit pas grand-chose une fois sur le terrain. Ainsi va le tralala des insécurités du jeune adulte 2016 fraîchement entré dans la zone tampon entre l’école et le marché du travail. Cette zone où bien que tu aies une job dans un p’tit café super cute, on te rappelle sans cesse que tu aspires à plus que maîtriser une rosetta en latte art. Malgré l’enfer des fins de sessions, on étais-tu bien à jouer notre rôle d’étudiant qui essaie de ne pas angoisser sur son avenir professionnel entre un 5 à 7 qui vire en brosse et une séance d’étude plus qu’improductive au Starbucks avec sa chum.

Fait que tu termines l’école avec une confiance en toi chambranlante, et t’es mentalement prête à te faire exploiter jusqu’à ce que l’expérience acquise dans ta première job qui t’as choisi (plutôt que l’inverse) enrichisse ta valeur de manière assez significative pour que tu criss ton camp.

Soir après soir, tu parcours les sites d’appels à l’emploi, et soyons francs, tu te trouves trop cool ou trop qualifié pour la moitié des offres. Mais quand tu arrives au bas de la page et que c’est écrit «  salaire entre 12.65 et 22.65 de l’heure à discuter », tu sais très bien que tu es à risque de te faire offrir la généreuse somme de 12.65/h parce que t’as pas d’expérience concrète pour donner du gaz à ton argumentaire en entrevue.

Tsé, nous, les jeunes, on ne veut pas trop en demander. On nous dit qu’il est normal de devoir gravir les échelons même si ça implique d’être la bit*h qui fait les coffee runs en attendant que ta maîtrise et tes 2 certificats entrent en service.

Malgré toi, tu sais que partir au bas de l’échelle est nécessaire, c’est la norme des choses. Même si tu aimerais que quelqu’un reconnaisse en claquant des doigts tes compétences, et que tes innombrables nuits blanches passées à l’Université portent leurs fruits (sous forme de signes de piasse pour rembourser tes dettes d’étude rapido presto), y’a peu de chances que ça se passe. Il ne te reste qu’une option : te résigner en attendant qu’une porte plus intéressante s’ouvre.

Prends ton mal en patience, négocie au mieux de ta capacité ton salaire avec ton employeur, et dis-toi que ta précarité financière est temporaire. Dis-toi qu’à ta prochaine entrevue, tu auras déjà plus d’expérience qu’à ta sortie des institutions scolaires, et que ton CV au départ flambant nu (en terme de pertinence en lien avec ton domaine) entre de plus en plus dans la game. Ta confiance en tes capacités devrait upgrader aussi.

Ceci dit, évaluer ou faire valoir combien on vaut est une source d’angoisse extrême pour plusieurs. Entre le sentiment de se faire exploiter et celle de trop en demander en vertu de notre expérience quasi-inexistante, la ligne est mince.

Afin d’effectuer un atterrissage dans la vraie vie le plus en douceur possible, j’ai un conseil qui peut sembler banal, mais qui m’a beaucoup aidée dans ma transition entre ma zone tampon et celle d’un emploi d’envergure qui se déroule actuellement :

Mettez le nez dehors (de chez vous).

Fais du bénévolat : redonner au suivant est tellement gratifiant et ceux prêts à offrir de leur temps sans exiger de rémunération se font de plus en plus rares, sans compter la profonde richesse des expériences qu’on peut puiser dans le volontariat. Montre que la cohésion sociale, ça t’importe et que ta passion de vivre est sans bornes.

Voyage : Sors des sentiers battus, de ta zone de confort, montre que tu es apte à te débrouiller, relever des défis, et que l’interculturel ne te fait pas peur.

Implique-toi : l’implication scolaire ou dans ta petite jobine peut te mener beaucoup plus loin que tu ne le penses. Qui n’aime pas quelqu’un qui s’implique et qui s’investit dans ce qu’il fait, même dans la plus banale des tâches?

Ces trois astuces aux apparences évidentes te mèneront loin, j’te l’dis. Vivre à 100 m/h et faire preuve d’audace dans son quotidien sont un mega confidence booster; tu vas le ressentir et les autres aussi; c’est contagieux. Ça peut faire la différence entre toi et l’autre en entrevue quelques instants plus tôt. Tu as plus de poids dans la balance du « qu’est-ce que je vaux » que tu penses, et c’est à toi que revient le rôle de te démarquer du lot par tous les moyens (idéalement légaux et pacifiques) possibles.

Quand l’immensité de la vie et des responsabilités d’adulte fait monter en toi une boule d’anxiété, rappelle-toi qu’on commence tous à quelque part. Que si une porte se ferme, une autre s’ouvre, même si c’est celle de maman et papa. Que si ton emploi te fait grandir malgré la paye crève-faim qui en découle, dis-toi que des sacrifices temporaires peuvent te mener bien loin plus tard. Dis-toi surtout que tu n’es pas seul, et fonce dans le tas.

Gardez surtout en tête qu’une attitude de guerrière et du cœur au ventre valent pas mal plus qu’une cote Z qui pète le 4.00 dans une vaste majorité des domaines. Ma jeune vie n’a pas tardé à me le prouver.

Welcome to the jungle!

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