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Être une « expat » dans son propre pays [partie 1]

Crédit photo : Marie Hélène Bou Nader

Si vous avez eu la chance de lire Un petit tour à l’Isle Madame, vous avez pu apprendre que j’ai eu l’audace, durant presque deux ans, d’aller travailler à l’extérieur du Québec. Cette idée folle, mais ô combien enrichissante, m’a permis de découvrir le pays d’est en ouest assise derrière mon volant.

Afin que vous puissiez comprendre ce qui m’a motivé à faire ce choix, je dois remonter cinq ans en arrière.

Après des mois et des mois de recherches intensives sans récolter de résultats positifs, je commençais à être dépitée face à mon employabilité. C’est en janvier 2015, ne sachant plus vers quoi me tourner pour me trouver du boulot que je me suis souvenue de l’existence du Programme Odyssée. Pour ceux et celles qui ne sauraient pas en quoi consiste le Programme Odyssée, je vous le résumerais ainsi : c’est un programme qui te permet de travailler à titre de moniteur/monitrice de langue dans des écoles et ce, partout à travers le Canada.

Quelques clics et entrées d’informations obligatoires plus tard, j’étais inscrite! Ma destination de prédilection : l’Île-du-Prince-Édouard…

Au bout du compte, ce n’est pas du tout ce qui est arrivé. La vie m’a amené à faire une restructuration dans mon ordre de choix de provinces et c’est correct ainsi.

J’ai donc appris, en juin 2015, que je quitterais la province pour me rendre dans la ville de Fort McMurray, en Alberta, soit à environ quatre heures et demi de route au nord d’Edmonton.

Lorsque j’ai quitté en septembre, j’avais le sentiment à ce moment-là que je ferais un bon bout de chemin dans l’Ouest, ne sachant pas trop si j’allais vivre de nouveau au Québec. J’étais prête pour cette nouvelle vie et j’étais consciente que m’éloigner de mon port d’attache amènerait son lot de trucs positifs et de défis.

Le premier défi est inévitable, c’est celui de la période d’adaptation. La mienne fut tout de même assez difficile et ce n’est pas nécessairement à cause de la distance, mais était plutôt due au sentiment de solitude qui m’avait envahi. Étant de nature très sociable, cette coupure de réseau m’a percuté de plein fouet, car je ne réussissais pas à m’en construire un nouveau.

Combien de fois, les premiers mois, j’ai maudit le décalage horaire, car toutes les fois où je paniquais, mes amis étaient tous rendus plus près des bras de Morphée que de leur tasse de café. À l’adaptation, j’ajouterais le fait de vivre en région éloignée et de ne pas être près de toutes les commodités dont j’étais habituée. Ayant grandi dans une petite ville tout près de Montréal, je trouvais cela difficile de devoir faire plusieurs heures de route pour accéder à la « grande ville » alors qu’au Québec, j’avais simplement besoin de conduire 45 min avant d’atteindre Montréal.

D’un point de vue plus positif, cette première année à l’extérieur de la province m’a appris ce qu’est le dépassement de soi et ce que cela implique de sortir de sa zone de confort, même si j’ai toujours été un peu pro à ce sujet. De plus, au fil des mois, même si la pente fut difficile au début à surmonter, j’ai finalement eu la chance de pouvoir améliorer mon sens de l’adaptation et cela m’a confirmé que l’aventure et moi, nous étions faites pour devenir de bonnes amies.

Si nous remontons brièvement dans cette histoire albertaine, on se souvient que je ne devais pas revenir au bout d’un an…

En février 2016, je savais déjà que je ne voulais plus rester dans cette province. J’avais déjà vécu trop de montagnes russes et après coup, je peux vous assurer que ces montagnes furent que la pointe de l’iceberg.

Après une longue réflexion, j’ai décidé de m’inscrire à nouveau pour le programme mais cette fois-ci pour aller y découvrir les Maritimes, car je sentais qu’il fallait que je me surpasse de nouveau. Durant mes vacances estivales au Québec, cela m’a confirmé que j’avais fait le bon choix.

Mon retour m’avait laissé un goût amer et au fond, je n’étais réellement pas prête à revenir au bercail.

Lors de mon arrivée à l’Isle Madame en Nouvelle-Écosse, je savais un peu plus à quoi m’attendre. L’adaptation dans ce nouveau milieu fut plus simple que lors de ma première « expatriation ».

Avec ce contrat, j’ai osé faire plus de choses, de mener des projets extraordinaires à terme, mais surtout, j’ai su saisir toutes les opportunités qui se sont offertes à moi. J’ai créé des liens exceptionnels avec des gens de la place qui encore aujourd’hui ont une place de choix dans mon cœur.

C’est aussi avec ce contrat que j’ai compris (disons plutôt accepté) que j’ai cette facilité de travailler avec les enfants tout en leur apprenant à se surpasser à leur tour afin qu’ils soient fiers du cheminement qu’ils réalisent.

J’ai redéposé mes bagages « pour de bon » au Québec, il y a maintenant trois ans de cela.

Mais qu’en est-il de ce retour? Comment l’ai-je vécu, après ne pas avoir habité dans ma province natale depuis deux ans?

À suivre…

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