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Gatorade

À l’orange, idéalement. Peut-être parce que j’me levais à 6 h moins quart pis que j’me sentais presque comme si c’est un semblant de déjeuner. Surtout parce que ma belle-mère me les donnait gratis; qu’est-ce que tu veux, mon p’tit beau-frère bébé gâté, il les aime pas, ceux à l’orange. On dit pas non à du Gatorade gratis.

J’ai pas été capable de rien avaler d’autre pendant deux semaines.

C’est ça que ça fait, quand tu commences à prendre des happy pills.

Gatorade matin, midi, soir, parce que le cœur me levait non-stop. Un hangover sans le party de la veille, genre.

À part de ça y’avait la tête qui me serrait par en-dedans, comme si y’avait deux mains invisibles sur mon cerveau, « Calme-toé là, c’est correct, tu vas être correcte ».

Sur papier, si jamais tu te le demandais, j’ai un trouble d’anxiété généralisé pis des fortes tendances dépressives. Plus smatte que crisse de folle ingérable… un peu pareil, mais plus smatte. J’étais fu*king contente d’avoir un papier, genre « Eille, check, c’pour ça que j’suis DE MÊME ». Ma première pill, je l’ai prise en pleurant. « OK j’suis prête à avoir la paix, OK go, OK on va être ben, là. »

J’sais pas pourquoi les gens veulent arrêter les happy pills quand ils commencent à aller bien. Moi, fu*k, j’les aime mes happy pills. Profondément.

C’est 30 beaux petits milligrammes chaque jour pour me stopper le « spinnage » mental pis arrêter de brailler ma vie pis de faire des crises sans raison.

30 beaux petits milligrammes pour pas faire chier mon chum, pas m’arracher la peau des avant-bras pis pas garocher mes affaires partout quand j’ai deux fils qui se touchent.

30 beaux petits milligrammes pour être capable d’appeler quelqu’un au téléphone, prendre un nouveau chemin en autobus, choisir comment je vais m’habiller, voir mes amis, décider si je mange une toast ou des céréales pour déjeuner, aller toute seule au gym (OK c’est même pas vrai, j’suis pas encore allée toute seule, mais t’sais).

OK, les happy pills, ça règle pas tout, pis je le fais chier pareil mon chum, pis j’haïs encore ça appeler quelqu’un au téléphone, pis des fois j’me gratte la peau mais j’essaye vraiment de pu le faire. Mais quand même.

C’est 30 milligrammes pour vivre, man.

À go, shooter de Gatorade.

Par Ariane Beaudry

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