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La confiance dans un papier-bulles

Certaines fois, elle doit se gagner, des fois elle se perd et parfois, t’en as jamais eu envers quelqu’un pis c’est là que t’emploies son penchant anglo pis que tu « l’trust » juste pas.

On a tous, un jour ou l’autre, dû remettre en question la confiance qu’on a portée envers quelqu’un. Pis oui, je l’ai déjà fait perdre à quelqu’un et ça m’a coûté très cher. À cause de doutes, de malentendus ou carrément de tromperies. Des fois, c’est aussi une question de perceptions, de doutes et de malentendus… MAIS TOUS EN MÊME TEMPS. J’ai dû faire face à ça assez tôt, j’pense que je devais avoir 12 ans et j’ai encore l’émotion qui s’y rattache.

Laissez-moi vous dire qu’à ce moment, pendant que presque tous mes amis vivaient dans des maisons où la nôtre aurait pu y entrer 4 fois, on habitait, ma mère et moi, dans un modeste 4 et demi. Ma chambre donnait directement sur la cuisine et ma porte de chambre était une porte « accordéon ». Un rideau de salle d’essayage isolait plus que ça. En sortant trop rapidement, mes tibias ont souvent rencontré la chaise mal rangée. Ça secoue et ça saisit. Comme quand tu perds la confiance de quelqu’un. Mais quelques fois, tout dépend du point de vue que tu as de la situation. Comme celle de ma mère et moi, cette journée-là…

(Le point de vue de ma mère en entrant, sans cogner, dans ma chambre) :

– Ma mère : « Mais qu’est-ce que tu fais là, Patrick? »

– Moi : « RIEN-RIEN-RIEN!!! » (Avec mes deux mains essayant de cacher quelque chose, les yeux pleins d’eau, en me disant : « Ça y est, j’viens d’me faire prendre. »)

– Ma mère : « BON. OK. Là tu te tasses et tu me donnes IMMÉDIATEMENT ce que tu caches!! » Ouin… ma mère était assez prompte disons, et j’ai donc dû lui remettre ce que j’avais tenté de camoufler. J’étais démoli…

(Mon point de vue de la même situation) :

Nerveux, assis en indien, je m’applique à vite terminer ce que je faisais de façon intense, sachant que ma mère était dans la maison et que je pouvais me faire prendre à tout moment.

J’entendis justement ma mère qui s’en venait d’un pas trop rapide pour tout ranger, mon cœur s’est serré et j’ai dû bondir d’au moins 1 pied de mon lit pour atterrir par terre sur mes genoux. En atterrissant, j’ai tenté de rester le plus naturel possible en camouflant tout mais c’est rare qu’on soit naturel, en p’tit bonhomme, accroupi, la face dans la garde-robe.

Les idées tournaient dans ma tête en quelques secondes… (Faut que je trouve une réponse pis vite! Elle va me demander ce que je fais là… Faut que je lui réponde quelque chose de crédible, elle s’impatiente.)

– Ma mère : « Mais qu’est-ce que tu fais là Patrick? »

– Moi : « RIEN-RIEN-RIEN !!! » (Fuck. Bravo Pat. Je n’ose pas la regarder… elle doit être en train de s’étirer le cou avec les veines qui lui sortent… Chu cuit…)

– Ma mère : « BON. OK. Là tu te tasses et tu me donnes IMMÉDIATEMENT ce que tu caches!! »

C’est donc les yeux qui s’étaient déjà remplis d’eau, la voix tremblotante pis le cœur gros qui me serrait, frôlant la crise de cœur même à à peine 10 ans, que j’ai remis à ma mère ce que j’ai tant mal que mal tenté de camoufler en lui disant, de ma voix étouffée :

« Bonne… fête… Maman… Elle est… pas finie… J’m’ex… cuse… »  – en lui tendant sa carte d’anniversaire, braillant ma vie.

J’ai vu, à travers ma vision floue d’humidité, qu’un p’tit bout de ma mère est mort à ce moment précis. Je n’étais plus le seul à pleurer.

Pis j’peux enfin dire, depuis, que calissss que j’en ai pleuré une shot cette fois-là… Ma surprise était détruite.

Elle s’est fondue en excuses en me serrant dans ses bras du plus fort qu’elle le pouvait et en me disant que c’était le plus beau cadeau, même inachevé, qu’elle n’avait jamais eu. Elle qui n’était pas du tout démonstrative, 37 années de retenues venaient de sortir à ce moment.

C’est d’ailleurs ce moment précis qui me revient en tête chaque fois qu’il est question de confiance. Et si ce n’était pas ce qu’on croyait en réalité? Et s’il suffisait seulement de se parler? Des moments banals comme ceux-ci me font réfléchir et m’amènent à la prudence.

Parce que, la confiance, c’est un peu ça. C’est quelque chose qu’on remet à quelqu’un comme on lui remettrait quelque chose de précieux en lui disant :

« Tiens. V’là ma confiance. J’te la donne. Fais-en c’que t’en veux, elle m’appartient encore mais je l’ai quand même enveloppée de papier-bulles au cas où tu l’échappes ou que tu la perdes. J’en ai juste une pis, la pauvre, elle est parfois aveugle… »

Aveugle comme moi sur la carte, où je n’avais pas eu le temps de me dessiner les yeux. Bien que je lui aie répété encore et encore que je pourrais la terminer par la suite, elle n’a jamais voulu. J’ai eu le temps de la voir et revoir souvent, cette carte, car elle a dû la laisser inachevée sur le meuble de télé au moins 3 mois de temps. La connaissant, c’était pour se rappeler de faire confiance, elle qui avait souvent été blessée par le passé et qui en a toujours fait payer le futur.

J’ai toujours eu tendance à faire pareil. Ne pas faire confiance. Jusqu’à ce que je décide de péter tout le papier-bulles. Je me sens mieux depuis… beaucoup mieux. Faisons confiance. De toute façon, qui n’aime pas péter du papier-bulles…

Par Patrick Laperrière

Source photo de couverture

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