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La créativité, cette poudre magique

« Si nous pouvions percevoir clairement le miracle que représente une simple fleur, notre vie toute entière changerait. »

La pensée bouddhiste, limpide, a cette façon d’allier le bonheur à notre façon d’appréhender la vie qui nous entoure. Pas besoin d’être croyant d’aucune religion pour voir, dans cette réflexion sur notre existence en tant que petite poussière d’individu, un fond de gros bon sens : la beauté du monde se trouve dans les petits bonheurs au quotidien. Ce rapport au ravissement, au besoin fondamental qu’a l’humain d’être heureux, passe pour plusieurs par la créativité. Il faut savoir prendre la vie à témoin et se servir d’elle pour transcender nos vies, rendre notre chemin sur cette planète bleue, un parcours haut en couleur. Mais il ne faut pas se méprendre, la créativité part avant tout de nous-mêmes. De notre âme, de notre cœur, de notre corps, de notre rapport au vivant. Attendre que la créativité nous tombe dessus, c’est un peu comme attendre une job : si tu n’y mets pas du tien, il va t’arriver que dalle.

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Lundi matin, j’ai eu un coup de cafard. Une grosse claque au moral. Ma folie créative est devenue frileuse. Elle s’est transformée en après-midi-pyjama-Netflix-tisane-pasd’brassière. En fait, je mens; ça fait belle lurette que ma motivation à créer a sacré le camp dans un pays chaud. Elle doit être en train de quêter quelque part en Inde, sur le bord d’une track de chemin de fer. Ah, pour avoir envie de chercher des idées, une chance qu’il y a Pinterest. Je peux y perdre une nuit complète à fouiller le site afin de trouver des projets à faire mien. Un moment donné. Éventuellement. Peut-être. Au final, j’ai ben, ben des épingles Pinterest, et pas de projet officiellement en branle. Non. Y’a rien au programme… J’ai mal à ma motivation. J’ai eu besoin d’aller la voir. D’aller rencontrer cette femme qui, avec une famille de trois jeunes enfants, un travail pas toujours évident, une vie mouvementée, n’a jamais abandonné, abdiqué devant la petite routine, le petit train-train. Je devais absolument entendre ce qu’elle avait à dire sur la #créativité pour me rappeler que casser la monotonie, c’est encore possible.

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Marie-Christine Bergeron, jeune trentenaire aux yeux pétillants, me reçois dans sa nouvelle maison : elle vient d’emménager il y a moins d’une semaine et… Ben regarde donc ça, les armoires de cuisine qui étaient d’un beau brun années ’70 sont déjà peintes! En attendant de pouvoir les changer, elle les a recouvertes d’une belle couleur pastel pour rendre sa cuisine plus lumineuse, plus claire. Elle ne s’est pas posé trente-six mille questions avant de changer la couleur. Ben non, elle a pris ses pinceaux et hop! Plus de déprime brunâtre en déjeunant le matin. Juste pour voir ça, je me suis félicitée d’avoir pris rendez-vous avec elle.

Après avoir fait le tour du proprio, elle nous fait un bon café bio, m’offre une boule d’énergie cuisinée avec ses p’tits loups la veille, et on entre dans le vif du sujet.

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C’est quoi pour toi, la créativité?

MC -Je pense qu’avant tout, être #créatif, c’est être #soi. On a tous notre personnalité, nos forces, nos difficultés et la démarche artistique est vraiment différente pour chacun. Mais ça part vraiment de ce qui nous fait vibrer. Quand j’étais au secondaire, j’ai eu un prof, Christian Gagnon, qui a fait péter une switch dans ma tête. Inconsciemment, il m’a appris à vivre avec l’art tous les jours de ma vie. On dirait qu’à partir de ce moment-là, j’ai arrêté de me demander quel type d’artiste j’étais. Je savais que j’en étais une. Point.

Artiste avec un grand A ou artiste DIY?

MC -Je ne me vois pas comme une grande artiste. Depuis que je fais des dessins, des toiles, des murales, je le fais par plaisir, parce que je sais que je suis capable de le faire. De là à me péter les bretelles, pas vraiment. Je suis même souvent très étonnée par les commentaires que l’on peut me faire. C’est pas de la fausse modestie, je suis vraiment surprise lorsque mes créations engendrent des réactions impressionnées. Sérieusement, la créativité ça doit se goûter, passer par ce que j’aime appeler les saveurs tangibles de la vie. Le bubbleliness. C’est du #gowiththeflow chaque jour. Je veux transmettre ça à mes enfants. La motivation à créer, c’est un style de vie, c’est repenser ton quotidien tout le temps pour le transformer, le modeler à ton goût, avec les saveurs du jour, tes saveurs du moment. Être créatif, ça se déroule du lever jusqu’après ton coucher. Ça s’arrête pas quand tu dors. Oui, je sais reconnaître le grand Art, les grands artistes. Par contre, je pense qu’aujourd’hui, en 2016, tout le monde devrait pouvoir se permettre de libérer sa créativité. Sauf que, pour vraiment que ta personnalité se perpétue dans ce que tu crées, arrêtes d’aller sur Internet, sur Pinterest, sur Etsy pour chercher des idées. Tu vas juste te noyer dans une marée de trucs #trend, pis si de nos jours, si t’es pas trendy, tu vends pas. Tu risques forcément de reproduire des trucs qui reflètent zéro ta personnalité, ça ne va pas du tout te motiver et, les chances sont plus que fortes pour que tu abandonnes tes projets.

Justement, qu’est-ce que tu en penses toi, de cette panoplie, cette marée de créateurs qui vendent sur le Net?

MC -Est-ce qu’il faut absolument créer dans le but de vendre? Je ne crois pas. De toute façon, ce serait être vraiment très imbu de soi-même que de croire que tout ce que l’on crée a une valeur de revente. Quand je décide que je fous le bordel dans mon salon parce que je veux faire une toile, je ne pense pas à qui va vouloir l’acheter, à combien elle va se détailler. Non. Je vis un tourbillon d’émotions et je pose mon cœur sur la toile. Et ça, ça ma fille, ça fait du bien à la bonne place. Faut arrêter d’être dans la business de l’art. Il faut être dans l’art pour vraiment créer. Tant mieux si ça plaît aux autres, si ensuite tu vends tes créations et qu’au final, ça t’apporte reconnaissance et argent (si ton but est de te faire connaître et de vendre). Mais avant tout, selon moi faut que tu veuilles créer parce que ça te correspond, parce que ça te fait du bien. Comme une thérapie.

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Créer, est-ce que c’est difficile?

MC -Lorsque je crée, c’est une mise à nue. C’est pour mon nombril. Par moi, pour moi. Pas question ici d’égoïsme, mais d’individualité. Alors oui, il y a des fois où c’est difficile. Tout le monde vit des moments, des périodes où la motivation n’est pas présente. L’humain se cherche continuellement et trouver sa créativité, c’est trouver son identité. Ça peut être rough. Et c’est là où l’échange vient te sauver. Le réel échange. Pas juste des images partagées sur Facebook, là. Tu vois, une de mes muses, c’est Marthe Proulx. Elle m’a donné la piqûre du fait main par un contact direct, à travers un réel échange humain. La créativité, il faut que ce soit contagieux. Il faut partager cette poudre magique. Je trouve ça un peu frustrant lorsque je vois des gens garder ça pour eux, comme un secret, une clé absolue, genre moi je suis un super créateur pis je ne te partagerai pas ma passion, mais je vais te vendre mes idées à gros prix. Ça, c’est égoïste. C’est mercantile. C’est vide de sens. Vide tout court. On vit en société. Il faut créer, en société. Se transmettre, se partager nos passions, nos obsessions, nos muses. Eille, c’est profond notre affaire aujourd’hui, hein? (rires)

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Ses paroles m’ont fait du bien. Elles m’ont donné envie de vous partager cet entretien, vous faire réaliser qu’on peut parfois se sentir seul(e) dans son salon, bien loin de tout, et de tous, la motivation sous le tapis. Il ne suffit que d’ouvrir la porte et d’aller rencontrer quelqu’un d’inspirant pour se redonner confiance. Se réapproprier le droit de créer. Et ça, mes artistes #funky, ça n’a pas de prix! Nous avons tous, dans notre entourage, une Marie-Christine avec qui aller prendre des cafés pour voir le monde sous un autre angle et doucement, laisser la créativité retrouver son chemin vers la maison. Et toi, qu’est-ce qui t’inspire, te motives à créer?

Pour aller voir les magnifiques toiles, murales et objets créés par Marie-Christine Bergeron, voici sa page Facebook intitulée Boutons à 4 trous!

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