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La philosophie Apple

Il y a quelques jours, Apple a annoncé officiellement la dernière mouture de son célèbre smartphone : l’iPhone 7.

Ayant suivi de plus ou moins près les rumeurs entourant l’annonce de ce p’tit téléphone, j’avais eu vent de la rumeur la plus répandue le concernant : la disparition de la prise jack 3.5mm, celle même dans laquelle on branche nos écouteurs pour écouter de la musique, des films… enfin, tout ce qu’on veut écouter!

Finalement, cette rumeur s’est révélée vraie – et Apple a bravement couronné cet acte du qualificatif de « courageux ». « Le courage de passer outre, afin d’apporter quelque chose de mieux pour nous tous! », a déclaré l’exécutif de la compagnie. Au lieu de la prise jack, il faut maintenant brancher nos écouteurs sur la prise lightning (celle qui sert à charger le smartphone), qui devient par la même occasion la seule prise du téléphone et permettant ainsi à l’iPhone de devenir résistant à l’eau.

Évidemment, Internet a tout de suite explosé en réaction, soulevant des critiques du genre « Et si je veux charger mon iPhone en écoutant de la musique? ». Apple a répliqué en annonçant des écouteurs maison Bluetooth, une solution bien pratique… au coût exorbitant de 159,99$, et avec une autonomie de seulement cinq heures! Vous pouvez imaginer la suite des événements : pas étonnant que la compagnie californienne ait floppé ce jour-là à la bourse (ses actions ont perdu 1,16% de leur valeur nette en l’espace de quelques heures).

Mais, étant spectateur de tout ce drame, je questionne les raisons qui ont poussé Apple à dénuder son bijou de son bec – de sa prise jack, pardon. Et ce n’est pas la première décision surprenante d’Apple dans les dernières années. Le dernier MacBook de la compagnie à été largement critiqué pour ses faibles composantes, n’arrivant pas à la cheville de ses compétiteurs, et les ventes de la montre Apple ont été largement en deçà des attentes des investisseurs – au point d’être qualifié un « échec » par plusieurs médias. C’est sans parler des derniers choix de design qui sont également questionnables, notamment avec le cas du stylet de son dernier iPad, qui se charge en le branchant horizontalement à la tablette : un petit accident, et hop, le crayon est scrap, ou pire encore, la prise est endommagée, rendant l’appareil inutilisable.

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Surprenant pour une compagnie connue pour son esthétique et ses designs épurés. C’est la preuve irréfutable que les temps ont changé depuis le départ de Jobs, en 2011, emporté par le PC (le Pancreatic Cancer …je devais absolument sortir ce jeu de mots). Si l’innovation demeure un principe au coeur de la philosophie d’Apple, il devient de plus en plus difficile d’y parvenir dans le marché actuel, sursaturé et extrêmement compétitif. En portant un regard sur les succès d’Apple qui l’ont catapulté sur le marché mondial, on peut observer un contraste apparent avec la situation de la filiale californienne aujourd’hui. Je ne dis pas qu’Apple est maintenant déchu – la réalité est loin de cela, la compagnie figurant toujours en tête de liste dans le classement des entreprises accumulant le plus de profits de la Fortuna 500, et possédant nombre de fans loyaux à travers le monde. Mais sa philosophie, elle, a définitivement changé.

En 2001, dans un marché sortant de la domination du Walkman de Sony, Apple lance l’iPod, un baladeur numérique qui connaît un succès monstre, signant l’arrêt de mort de tous ses compétiteurs. Pourtant, l’iPod n’était pas le premier baladeur numérique à être lancé sur le marché puisque des modèles existaient depuis 1998, mais rien n’a pu rivaliser avec la portabilité et l’interface intuitive de l’appareil d’Apple. S’en suivit une période de quasi-monopole du marché du baladeur numérique pendant la première décennie du 21e siècle.

En 2007, dans un monde où dominent les téléphones « flip », les Nokia et les Blackberry, Apple lance un téléphone à écran tactile, sans clavier, et qui se dotera à peine un an plus tard d’un magasin d’applications entièrement en ligne – l’iPhone. Depuis, les modèles de téléphone « flip » ont presque entièrement disparu, toutes les entreprises – telles que Samsung, Nokia, HTC – ayant imité Apple dans la tendance des écrans tactiles, dénudés de boutons et dotés d’un magasin d’applications…

En 2008, Steve Jobs montre sur la scène du Macworld, à San Francisco, avec une enveloppe orange en main et, sous les yeux abasourdis du public (et les regards irrités de ses compétiteurs), il en extirpe un ordinateur portable. Le MacBook Air, l’ordinateur le plus mince au monde (à l’époque), était né. Il constitue encore aujourd’hui l’un des portables les plus vendus au monde, faisant particulièrement l’affaire des étudiants.

En 2010, Apple lance l’iPad, une tablette multimédia équipée elle aussi de fonctions tactiles et d’un écran de grande taille. Contrairement aux essais infructueux de Microsoft et autres compagnies dans le marché des tablettes qui ont débuté (eh oui!) depuis l’avènement de la décennie, l’iPad est contre toutes attentes un autre succès commercial monstre, et le reste du globe s’empressa d’adopter à nouveau cette mode.

Depuis le début de la deuxième décennie de ce siècle, par contre, j’ai l’impression qu’Apple se délaisse peu à peu de son étendard d’innovation, de leader du marché des appareils électroniques grand public. Leurs appareils sont renouvelés annuellement, certes, mais sans nouvelles fonctionnalités importantes, sans cette nouveauté auquel la filiale californienne nous a habitués. Aujourd’hui, la compétition a rattrapé Apple, et possède même une longueur d’avance dans certains domaines. C’est au tour de la pomme de courir, afin d’égaliser les offres de ses adversaires. Le design raffiné, le prix luxueux… ça ne fait plus.

Ce qui est sûr, donc, c’est qu’Apple est en train d’entreprendre un grand virage. Est-ce que ce sera pour le mieux ou pour le pire, ça, je ne pourrai le prédire. Mais la firme n’est plus ce qu’elle était avant.

Par Foan Song

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