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Le mouvement Maipoils, ou comment m'accepter comme je le veux

C’EST MAIPOILS LES AMI.E.S. Le moment de l’année où je suis excitée de voir tout le monde exhiber leurs poils (sur les réseaux sociaux, surtout pour cette édition)

Donc, Maipoils, c’est quoi? C’est l’initiative de Paméla Dumont, créée il y a 4 ans. Un mouvement qui propose qu’on laisse libre espace corporel à nos poils, pendant l’entièreté du mois de mai. Le but n’est pas de glorifier le poil, mais bien d’apporter la discussion sur le sujet et essayer de redéfinir la vision qu’on a du poil en exposant les différents corps qui en ont.

Vers 6-8 ans, j’ai eu mes premiers poils sur le pubis. Je me rappelle de la stupéfaction de ma famille quand je leur ai montré (LOL).

Vers ces mêmes années, j’ai eu mes premiers commentaires désobligeants: « T’as donc ben du poil dans le dos », dans mon cours d’éduc, ou encore « t’es donc ben poilue », par rapport à mes bras. J’ai porté des chandails à manches longues pendant quelques mois après ça, mais comme les enfants changent de cibles rapidement, mes détracteurs en ont trouvé une nouvelle et j’ai recommencé à montrer mes bras.

Vers 9 ans, nouvelle école et je ne porte que des chandails longs. C’est dans un cours d’éduc qu’on finit par découvrir mon secret. Ç’a été l’objet des remarques jusqu’à temps que je quitte l’école. Parce que clairement, la nouvelle est toujours une bonne cible d’intimidation.

Vers 10 ans, je commence à demander à ma mère de me raser, mes poils sont trop voyants sur mes jambes. Elle accepte et je commence la crème épilatoire.

Source: Archive obscure du Facebook de ma mère (vous pouvez rire)

Vers 11 ans, je rencontre pour la première fois un des membres de ma famille biologique. Première chose qu’il dit en me serrant la main, l’air étonné: « T’as donc ben du poil! »

Secondaire 1, nouvelle ville, nouvelle école. La puberté fait ravage, on me fait des commentaires sur mes sourcils, mon duvet trop voyant entre mes seins, pis mes bras. « Coudonc, te rases-tu? » dit-elle d’un ton rempli de haine. Ce commentaire est l’héritage de mes sourcils beaucoup trop mince qui ont duré 3 ans.

Vers 15 ans, j’ai commencé à me questionner et trouver mon sort injuste. Pourquoi, à cause de ma génétique, je devais faire plus d’effort que mes amies qui ont moins de poils pour sortir sans me faire juger? J’étais fâchée. Pis c’est là que j’ai commencé à me faire épiler. Comme ça, je pouvais espacer les séances de mort aux poils et tranquillement, mon poil redevenait plus fin. Je rêvais secrètement que mes parents gagnent au loto pour me faire épiler définitivement et j’attendais l’hiver avec impatience pour avoir ma pause de souffrance.

18 ans, mon premier copain jugeait un peu mon laisser-aller en hiver. Heureusement pour moi, il a fini par accepter.

20 ans, première édition de Maipoils. Je me demande si je le fais, je vois toutes ces femmes qui montrent leurs poils. Je suis inspirée, mon copain m’encourage (merci mille fois encore) et c’est là que ma vision a changé.

Je participe à Maipoils depuis 4 ans, un peu plus confiante à chaque année. L’anxiété m’empêche de me promener en camisole dehors ou avec des poils qui grandissent depuis 3 mois, mais je peux dire que j’accepte mes repousses, que mon entourage a tout vu mon poil et que je dois m’épiler environ 3 ou 4 fois par année, maximum.

Personnellement, j’ai toujours aimé les poils, mais assumer publiquement mes poils, par choix, a été difficile et l’est encore aujourd’hui. Le regard des autres est difficile à accepter (allo anxiété), mais c’est avec des mouvements comme Maipoils qu’on réussi à normaliser la chose. Aimer ou non les poils restera toujours une préférence individuelle, peu importe le genre. Ce qui est important, c’est d’arrêter d’associer négativement cet aspect. Tu peux trouver ça laid, beau ou en être indifférent et faire ce que tu veux avec les tiens, mais le poil, ce n’est pas sale et ça ne définit pas la personnalité d’une personne. Ça existe, ça a ses fonctions et chacun.e a le choix d’en faire ce qu’il.elle veut, sans en être jugé.e.

Et toi, participes-tu à Maipoils?

As-tu des anecdotes à nous partager?

Crédit photo: Karianne Martel

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