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Le « victim blaming », il faut que ça cesse !

La culture du viol fait jaser ces dernières années. On la dénonce ouvertement, on en parle énormément, et malgré tout, certaines personnes persistent à dire que celle-ci n’existe pas. Pourtant, ses répercussions sont directes sur les victimes d’agressions sexuelles. Je le vois auprès de mes amies qui en ont été victimes, auprès de mes proches qui commentent les nouvelles parues dans les médias, mais aussi dans le cadre de mon bénévolat à la ligne d’urgence pour les victimes d’agression sexuelle. Et ça m’attriste énormément de voir que, malgré le fait que l’agression sexuelle soit considérée comme un crime selon le Code criminel, bien des gens rejettent encore le blâme sur la victime plutôt que sur l’agresseur.

Le victim blaming est le fait de pointer du doigt la victime d’un acte criminel ou d’un accident comme étant responsable de ce qui lui est arrivé. Dans ce cas-ci, je me penche plus précisément sur le cas de victimes d’agressions sexuelles. Ainsi, le victim blaming serait le fait de blâmer une victime d’agression sexuelle en lui disant qu’elle est entièrement ou partiellement responsable de ce qu’elle a vécu, voire qu’elle le mérite. Cela me semble complètement un non-sens, car cette perspective disculpe l’agresseur et fait peser un poids très lourd sur les épaules de la victime. Et pourtant, une étude faite en 2013 démontre qu’un Canadien sur cinq est prêt à rejeter le blâme sur une victime d’agression sexuelle plutôt que sur son agresseur.


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Ça prend quelle forme exactement, le victim blaming ? Ça peut être direct comme plus insidieux. Par exemple, on peut dire à la victime que c’est sa faute à cause de son habillement (jupe courte, décolleté plongeant, name it !). On peut lui dire qu’elle avait bu ou pris de la drogue ce soir-là et qu’elle l’a donc cherché. On peut lui dire qu’elle est allée rencontrer quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. On peut lui dire qu’elle flirtait avec la personne qui l’a agressée. On peut lui dire qu’elle parlait ouvertement de sa vie sexuelle avec tout le monde, et que c’est donc évident qu’elle allait en subir les conséquences. On peut lui dire que ce n’est pas si grave ce qui s’est passé, que c’était juste des attouchements/caresses/baisers. On peut lui dire qu’elle a choisi de se promener seule tard le soir.

Vers un autre extrême, on peut aussi dire aux victimes qu’elles ne se sont pas débattues, qu’elles n’ont pas crié, qu’elles n’ont pas dit non, qu’elles étaient lubrifiées ou en érection, etc. Il est important de clarifier ici que les agressions sexuelles ne se passent pas toujours comme dans les films, de façon dramatique et intense. Il est courant que la victime fige et n’arrive plus à bouger et à dire un mot ; c’est une réaction de survie normale. Et ça ne la rend pas consentante pour autant. De même, le corps peut réagir de façon non voulue et simplement physiologique à l’agression sexuelle. Le fait d’avoir une érection ou de lubrifier ne signifie pas non plus que la victime désirait ce contact sexuel.

Or, cette façon de penser peut peser lourdement sur la victime. Premièrement, elle peut décider de ne simplement pas dévoiler son agression sexuelle par peur d’être jugée. Elle peut aussi décider de la dévoiler, mais porter une culpabilité grandissante tout au long de ses démarches pour avoir de l’aide, car elle croit au fond d’elle-même qu’elle est responsable de ce qui lui est arrivé. Ce sont aussi des pensées qui sont véhiculées depuis plusieurs décennies et ancrées en nous, ce qui fait que ce sont souvent les premières réactions que les gens ont lors d’un dévoilement d’agression sexuelle. La première chose que les gens font, c’est de poser des questions sur l’état de conscience de la victime, son habillement, si elle connaissait l’agresseur, etc. En fin de compte, les victimes ne peuvent avoir le soutien voulu et portent une culpabilité énorme sur leurs épaules. Cette culpabilité peut les pousser à la dépression, aux idées suicidaires et même au suicide, comme ce fut le cas dans certaines causes plus médiatisées de viol collectif.


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Je comprends que cette façon de penser est un reliquat du patriarcat, des normes religieuses passées et du sexisme ambiant qui perdure encore depuis plusieurs années. Ce n’est pas à l’aide de cet article que tout changera du jour au lendemain. Mais si tu veux aider, alors je te donne quelques petits trucs. Si quelqu’un vient te voir pour dévoiler son agression sexuelle, crois cette personne, démontre de l’empathie, ne juge pas et surtout ne pose pas de questions insidieuses. Si tu entends ou lis quelque chose qui contribue à perpétuer cette manière de penser, prends deux minutes pour sensibiliser la personne et démolir ses arguments (qui, de toute façon, sont manifestement non valides !)

Si tu es une victime d’agression sexuelle et que tu lis ceci, sache que c’est important de t’entourer de personnes qui te croient et qui te respectent. Il existe des ressources spécialisées pour t’aider à guérir et pour s’occuper de toutes les conséquences que cette agression peut avoir sur toi, à court et à long terme. Sache que tu n’es en aucun cas responsable de l’agression. En aucun cas. Et tu as le droit de trouver cela difficile, tu as le droit de ne pas vouloir porter plainte, tu as le droit de porter plainte des années plus tard. Tu as le droit d’aller chercher de l’aide. Et tu as le droit d’être cru et entendu.

Ressources :

Centre pour les victimes d’agressions sexuelles de Montréal 

Regroupement québécois des CALACS 

Gouvernement du Québec

Sources :

[1] [2] [3] [4] [5]

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