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Lemieux : peintre de l’infini

Je ne suis pas un étudiant en histoire de l’art ni un spécialiste de la peinture, mais j’ai juste pas le choix. Il faut que j’en parle. Jean-Paul Lemieux est mon peintre préféré. Si, lorsque je lis un roman, un essai ou un traité de philo, l’auteur arrive à mettre en mots des phénomènes ou des sentiments que j’ai déjà vécus sans jamais les avoir verbalisés, je sais que je suis tombé sur un bon. Avec Lemieux, c’est la même chose, mais avec la poésie de l’image. C’est complètement fou! Quand je regarde Le rapide de 1968, j’ai la déroutante impression qu’il est venu me piquer l’œuvre de mon imagerie inconsciente.

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Parce que les lignes qu’il peint me percent et trouvent un chemin direct vers mes tripes et ma nordicité, je fais le pari de parler de Lemieux sans biais. Dans ses toiles, il y a de l’espace, trop d’espace! Des horizons jusqu’à en sentir le malaise. Mais j’y vois également des invitations multipliées à remplir, voire envahir, ces étendues vierges de mes rêveries mélancoliques . Quelque part, un gars sage disait que la mélancolie c’est la joie d’être triste. Ma joie c’est de sentir que mon pays de neige, dans son immensité, peut abriter mes fantasmes de solitude, mes dérives sentimentales. Sérieusement, ça prend juste un Québécois – ou un Russe – pour voir une terre d’accueil dans les paysages de Lemieux. C’est un peu parce qu’aux traits minimaux et aux couleurs sobres qu’il préconise, je sais y ajouter l’odeur des sapins et le bruit sourd des rafales que je connais par cœur. L’art d’évoquer beaucoup avec si peu, l’art de dépouiller et de nous dépouiller, l’art sans fla-fla qui saisit d’un coup.

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Même ses personnages sont amputés de relief, de traits, de détails, de complexité. Piégés dans des décors vertigineux, je sens bien malgré tout leur aspect réel relevant du sentiment d’angoisse qu’ils me transmettent. C’est franchement bizarre : ces espèces de marionnettes ou de fantoches dont les regards sont sans vie ou bien souvent absents, suggèrent avec force la présence de leurs âmes. Je me sens solidaire d’eux, j’ai le goût de les rejoindre et de subir avec eux la morsure du vent.

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Au niveau des paradoxes, le peintre, avec ses paysages figés et éternels, semble vouloir me parler de la fuite du temps et du mouvement. C’est bien sûr le train, élément central de l’univers de Lemieux, qui vient équilibrer les toiles : un brin de vie dans la stérilité du Nord, une tache de culture au sein de la nature, la vitesse brisant l’immobilité. Finalement, à travers le sentiment de solitude transmis, c’est à mes compatriotes qui partagent mon pays de froidure que j’aboutis.

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Notez qu’au Musée des Beaux-Arts de Québec, une exposition permanente exhibe plusieurs de ses œuvres.

Par David Morissette

Marie-Ève Joseph

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