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Mes souvenirs

Je me souviens de la fête de mon amie au primaire, elle avait eu droit à sa photo de classe en gros plan sur l’écran IMAX, avant le film.

Je me souviens du sentiment de libération quand l’école était fermée pendant une tempête de neige.

Je me souviens d’avoir vu le Moulin à images avec ma sœur qui m’enlaçait de haut, derrière moi, parce que j’étais petite dans ce temps-là.

Je me souviens dans les moindres détails de la salle de bain de ma première maison.

Je me souviens de l’odeur singulière des pages des manuels de mathématiques.

Mais je me souviens aussi de la première fois que j’ai embrassé un gars et qu’il a dit que j’étais poche.

Des peines d’amour qui m’ont noirci le cœur, juste un peu.

Et de la fois qu’on m’a regardée dans les yeux en me disant : « Moi, je t’aime pas… »

C’est drôle, la mémoire. Notre cerveau choisit par lui-même ce qu’il veut garder et ce qu’il rejette. Il ne fait pas toujours des choix judicieux. Je n’aurais pas choisi de me souvenir de la honte du lendemain de ma première Saint-Jean. Ni de l’une de ces piètres performances durant mes présentations orales au cégep.

Il y a toujours ces vagues de honte qui nous frappent quand un objet ou une chanson nous amène loin en arrière et nous rappelle un événement de notre vie qu’on aurait préféré oublier.

Notre cerveau ne fait pas le tri. Je finis toujours par me souvenir de la fois où j’ai fait une folle de moi, au lieu d’une argumentation à laquelle j’avais trouvé les bons mots.

Si je pouvais choisir moi-même ce dont je voudrais me souvenir, j’éliminerais les premières fois, elles n’ont jamais rien de bien gracieux… Je me concentrerais sur les deuxièmes ou les dixièmes. J’éliminerais les pleurs, le mal et la peine. J’éliminerais la première cigarette, celle qui fait tousser. La première fois où j’ai été amoureuse, où je suis tombée pour de vrai.

Et la première fois qu’on m’a dit non.

Je ferais une croix sur les souvenirs ternis par un geste ou une parole. Personne ne veut revivre ce qui fait mal, personne ne veut s’effriter le cœur une deuxième ou dixième fois.

Je laisserais s’effacer les pleurs d’une amie, les mauvaises nouvelles, les refus d’amour. Je déciderais de garder juste le beau. Le beau qui reste même après la deuxième ou la dixième fois qu’on le vit. Tous les jours banals où j’étais bien.

Une photo d’un paysage qui réussit à noyer les mots.

Les déjeuners qui s’étendent jusqu’aux dîners.

Une deuxième bouchée de gâteau.

Un souper de Noël en pyjama.

Une journée au secondaire.

Un cœur qui bat vite.

Des yeux illuminés.

Un film tranquille.

Une larme de rire.

Un souffle court.

Un bon livre.

Les mots.

Un rire.

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