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Oser la Véloroute des Bleuets en solo

L’an dernier en finissant l’uni, j’ai décidé d’accomplir un des petits trips que je visualisais depuis quelques années. Une aventure qui m’tentait et à laquelle j’avais attribué l’astérisque « à faire avec mon futur amoureux ».

Après 3 ans à regarder cette belle aventure dans la mijoteuse, entrain de craver le chum que je n’avais toujours pas, j’ai arraché le Post-it et je me suis dis : « allez, hop, au diable l’attente, au diable le chum. Mon vélo et moi, on fera un duo d’enfer ! »

Petit problème, j’avais même pas de vélo!

J’ai emprunté celui à ma mère. « La bête noire ». Une vieille cacane. Lourde. Petites roues, gros pneus.

Ce fut l’un des plus grands accomplissements de ma vie.

280 kilomètres de vélo en 3 jours.

LE DÉPART


Crédit photo : Coralie Fortin-Bohémier

J’ai pris la route jusqu’au Saguenay.

But : arriver à Jonquière, garer ma voiture et pédaler jusqu’à mon premier arrêt, à l’entrée du Lac, entre Heberville et Matabetchouan-Lac-à-la-Croix.

*Essentiel 1 : prévoir un rack à vélo solide et des sacoches s’y accrochant.

Arrivée sur place, on m’indique que le chemin pour se rendre est une route difficile, pas particulièrement jolie et où les cyclistes pédalent sur l’accotement d’une voie rapide. De plus, on annonce des orages violents.

J’ajuste mon plan, je prendrais ma voiture jusqu’à ma première auberge et partirais à vélo le lendemain matin.

*Essentiel 2 : être flexible sur son planning.

Mes hôtes m’ont bien reçue (80$/nuit + petit-déjeuner) et m’ont permis de laisser ma voiture pour les prochains jours.

JOUR 1


Crédit photo : Coralie Fortin-Bohémier

Vers 8h le lendemain, je partais. Temps gris. Ça sentait la pluie.

*Essentiel 3 : s’attendre d’être confronté aux intempéries. La pluie, c’est dans la tête, mais l’soleil ça brûle pour vrai! Crème solaire!

*Essentiel 4: ne pas prévoir faire plus de 100 km par jour.

J’avais réservé toutes mes destinations d’avance. Mauvaise idée. Mauvais calculs: j’ai dû faire 140 km pour me rendre à ma deuxième destination : Dolbeau-Mistassini.

Durant la journée, je me suis rallongée de 20 km, en me perdant à Alma.

*Essentiel 5: regarder SOUVENT la carte routière. Au besoin, poser des questions. Les gens sont bien bien smatt par là!

*Essentiel 6: télécharger l’application Véloroute des Bleuets, mais sachez que le réseau cellulaire ne fonctionne pas partout autour du Lac.

Atteindre Sainte-Jeanne-de-foutu-d’Arc : sans doute le pire moment de mon aventure. J’avais les mains pleines d’ampoules, le corps fatigué, affamé, assoiffé. De ce côté du Lac, je ne sais pas si c’était la météo particulière, mais le vent était terrible. Les rangs étaient interminables. J’étais cassée, défaite, en bon québécois. J’avais roulé 140 km. Il m’en restait 20 avant d’arriver à mon second stop. L’impossible.

« Si seulement j’avais pas bretté à Alma… »

Je suis entrée dans un « dep », morte-vivante, blanche, et j’ai vu un gentilhomme et sa femme en pick-up. J’ai saisi l’occasion : il m’ont embarquée jusqu’à Dolbeau.

Le plus gros merci de la vie.

J’me permet de plugger le nom de ma seconde auberge, parce que c’était sur-la-grosse-coche. Vraiment. Wow. Hôtes, logis, panorama, déjeuner. 90$. Gîte 40 Laverdure.

JOUR 2

J’étais prête à tout. Ça ne pouvait pas être pire que la veille. Départ ensoleillé. Seulement 92 km jusqu’à Roberval, mon troisième stop.

Même si j’étais raquée, mon jour 2 à, somme toute, été plus facile. La partie la plus longue : de Normandin jusqu’à St-Félicien. La route était plate aux abords d’une usine de papier. Paysage monotone.

*Essentiel 7 : décomposer la route. Ce n’est pas 92 km, c’est plutôt 10 + 15 + 17 + etc. Faites des arrêts lorsque vous atteignez les villages. Fixez-vous de courts objectifs. Dupez votre cerveau!

J’avais trouvé un Tuango chouette, qui me permettait de rester 2 nuits au Château Roberval, avec piscine pis tout. Belle offre pour 2 personnes, qui me rappelait que j’étais fucking toute seule dans mon grand trip. Et oui, ça m’faisait chier. Mais ma fierté de le faire, en me « crinquant » moi-même, était indescriptible. Le gros « fais-le pour toi » prenait tout son sens.

Roberval, c’est pas beau.

À mon arrivée, j’ai vu la grosse prison, le paysage un peu fade et l’allure délabrée de la ville. Pas grave, c’était mon « bonbon » du voyage d’être là. Deux nuits. D’avoir droit à 2 déjeuners par matin. Seule. Souriante!

JOUR 3

Après une nuit blottie contre de trop gros oreillers, il ne me restait que 50 km pour retrouver mon bolide. Presque rien.

De ce côté-là du Lac, la route est belle. Vers Chambord, il y a une nouvelle piste cyclable qui s’élève sur le bord de la route. Il y a plein de dénivelés chouettes.

À Matabetchouan, à quelques kilomètres de ma destination finale, le déluge à recommencé. Cette fois, j’ai ri. Euphoriquement. Hâte d’arriver, de pleurer de joie sur mes joues déjà mouillées par la pluie.

J’ai méticuleusement choisi ma toune d’arrivée. Et Adèle m’a braillé « Never mind, I’ll find someone like you ». J’ai pleuré. Classique.

La photo dit le reste.

Crédit photo : Coralie Fortin-Bohémier

Après, il ne me restait que le « well done ». J’ai re-roulé vers Roberval, profité de ma deuxième nuit à l’hôtel. On m’a conseillée d’aller au Draveur, nouveau bar. Vraiment sympa. J’ai mangé de la tarte aux bleuets et je me suis fait des amis du Lac. Première expérience en solo dans un bar: sortir de sa zone de confort avec un grand S.

Le lendemain, les cuisses et les fesses meurtries, le sourire jusqu’aux oreilles malgré le mal de bloc, j’ai fait mes adieux à la belle région.

Je l’ai remerciée, elle m’a permis de vivre tout plein d’émotions toute seule, comme une grande. J’ai chanté à tue tête, j’ai crié toutes mes rages du monde, j’ai pleurniché, j’ai ri.

J’ai vécu.

« Je reviendrai »

*Essentiel 8: je vous conseille telllllllement le mois de mai. Basse saison, temps pas trop chaud. Les routes ne sont pas bondées et les logis sont moins chers.

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