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Pourquoi j’ai décidé d’arrêter de boire

Le 25 mai dernier, Marilou, du blogue et du livre Trois fois par jour, nous expliquait sur sa page Facebook pourquoi elle avait choisi de cesser sa consommation d’alcool. Honnêtement, à cette époque, je n’ai pas vraiment eu l’intérêt de jeter un coup d’œil à son article. À vrai dire, j’ai appris l’existence du dit témoignage en raison des réactions que son article faisait jaillir sur la toile; elle fut pendant quelques jours la cible de commentaires désobligeants de la part d’internautes qui se disaient outrés par son besoin d’attention. Moi-même, je trouvais ça un peu spécial qu’elle ait besoin d’en parler ouvertement, d’exposer sa vie privée de la sorte. Je me suis même dit qu’elle était un peu « matante » d’arrêter de boire. C’est clair qu’à ce moment-là, j’étais un peu plus wild for the night. Aujourd’hui, je pile un peu sur mon orgueil en revenant sur mes propos, car je constate après coup que j’aurais peut-être dû profiter de la lecture de son témoignage, voire m’en inspirer. Le « j’aurais dû » que je tiens très souvent dans mon discours, car j’ai la mauvaise habitude (caractérisant les têtes de cochon) de toujours devoir essayer pour le croire, mais ça, c’est un autre débat.

Au risque de passer pour [qualificatif de votre choix], je ne vais pas me gêner et je vais vous parler de mon expérience avec l’alcool, parce que ça me ronge de l’intérieur et que si je publie cet article je serai forcément engagée dans ma guérison. Par contre, au lieu de vous faire la liste des raisons motivant ma décision d’arrêter de boire, je vais plutôt vous rendre le portrait le plus précis possible du « comment je me sens au moment et au lendemain d’une cuite ou de la dégustation d’une bonne bière » (comme je le dis parfois pour faire beau).

D’abord, il y a des fois où je bois un verre simplement pour agrémenter des soirées entre amis ou pour relaxer un peu. Malheureusement, lorsque je bois un verre, j’ai envie d’en prendre un autre. À chaque fois, j’aimerais tellement ça que les gens avec qui je le partage me disent : Let’s go! Let’s have some fun! Let’s get drunk!. Au lieu de ça, souvent, je finis la soirée frustrée à me dire que mes amis sont ennuyeux. Non, ils ne sont pas « coincés » mes amis. Ils ont simplement de bonnes raisons de rentrer à la maison, d’être raisonnables, d’avoir les idées claires, de ne pas avoir la tête dans les toilettes et j’en passe.

D’autres fois, je bois des verres pour m’étourdir, m’éclater et ne plus penser à ce qui m’embête en ce moment. Quand je bois avec moins de modération, c’est la perspective de toute cette soirée-là qui m’excite. J’ai donc bien hâte de me préparer avec mes amies et d’avoir comme seul tracas le choix de mes vêtements. J’ai si hâte d’aller dans les bars, car j’aurai enfin toute l’attention dont je me nourris de façon malsaine. Je m’en suis tellement empiffrée au cours de la dernière année que je sais maintenant comment jouer la game exactement pour l’obtenir. J’ai tellement bien intégré les règles du jeu que je suis devenue experte dans l’art de feindre la confiance en soi et de celui de l’arrogance qui séduit. Ces nuits-là m’appartiennent. Je suis parée à toutes les extravagances que mon imagination me convaincra de faire pour obtenir cette attention, ce regard qui indiquent que je plais, parce que les conséquences pourront attendre le lendemain. Et si, dans le bar, ça ne fonctionne pas, je me rabats sur les autres, sur les autres mecs qui auront le potentiel de me donner cette attention. C’est dans ces moments que mes résolutions concernant mes anciennes fréquentations volent en éclats et que mon iPhone devient mon pire ennemi.

C’est bien décevant ce que je viens de vous décrire et, surtout, ça peut être incompréhensible que quelqu’un qui réussit dans son travail, à l’école et dans ses relations puisse se livrer à une telle activité d’autodestruction. Je vous l’accorde, ce récit n’est pas glorieux, mais ça, ce n’est pas ce qui me dérange réellement. Je place ces moments dans le répertoire de mes « expériences sociales », de mes déboires. Ce qui m’affecte réellement, c’est tout le mal de vivre qui me rentre dedans au fur et à mesure que l’alcool s’évapore de mon système. Ça me paralyse à un point tel que, pendant les jours qui suivent, tous mes efforts sont dirigés vers un semblant de retour à la vie normale pour me calmer, pour me sentir mieux. À tout coup, je suis emplie d’une sensation de panique totale et tous les bobos refont surface. Je me sens tellement mal que je me mets à paniquer. Je panique à tel point que ça me fait mal et j’en oublie le travail qui devrait être fait concernant ce désir de plaire qui me dérange et ce besoin d’attention masculine qui m’accapare.

Ça, c’est nouveau, et c’est ça qui me dérange. Donc oui, c’est de l’argent jeté par les fenêtres, oui ça fait engraisser, ça hypothèque une partie de notre fin de semaine, ça nous rend malades, ça nous fait rire, c’est désinhibiteur, ça permet de lâcher notre fou, ça nous détend un peu, mais c’est aussi difficile à gérer. Alors, oui, je me fais le cadeau d’arrêter pour un moment, le temps d’avancer, le temps que mes soucis identitaires se résorbent et que je sois un peu plus en paix avec le sujet de prédilection de mes tourments, le fameux « je suis qui moi, je m’en vais où et pourquoi dois-je faire tout ce chemin seule ». C’est un défi et c’est un self-control qui me fait peur un peu, mais j’essaye parce que je me le dois.

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