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Pourquoi j’écoute du porno gay

La scène commence comme ça. Y’a un gars, un genre d’éphèbe avec un pas pire galbe de fesses, qui entre dans le vestiaire. Y’a eu chaud, sa sueur perle sur sa belle face, trace des alvéoles sur sa camisole. Y se déshabille lentement, on filme sa peau, pis hop, on aperçoit son sexe, pis hop, y saute dans la douche.

Frotte, frotte, mousse, mousse.

Y’en arrive un deuxième. Beau aussi. Pis ben y font l’amour dans la douche ou ailleurs. Y se donnent des becs partout pis c’est ça.

On va faire un exercice. La même scène dans un porno hétéro.

La fille a eu chaud, elle sort du gym. Elle se déshabille.

Y’a un gars qui la regarde par un trou louche « quekpart » ou un gars qui entre dans le vestiaire des filles par accident ou un gars qui entre dans le vestiaire des filles pas par accident.

On voit pas sa face, sinon peut-être une fois au début.

C’est pas full tendre. Y met son pénis dans la bouche d’la fille, avant d’y mettre sa langue, pis c’est ça.

Ça dit rien pis ça dit toute. Le porno hétéro est centré sur le désir masculin. Le porno gay, bien qu’essentiellement produit pour les hommes lui aussi, procure un intérêt chez la femme que je suis (et chez de nombreuses connaissances).

Peut-être parce que la relation semble plus égalitaire. Il y a un renversement du « top/bottom » standardisé et cliché. Non, le petit imberbe n’est pas toujours celui qui reçoit, et non, le gros bear n’est pas non plus toujours celui qui donne. Le « flattage » pis le « frenchage » pendant l’acte, sont quand même fréquents. Plus que dans les vidéos « les plus populaires », « les plus vues » du porno hétéro. Monsieur Pénis, aussi connu sous le nom de « Celui-dont-on-ne-doit-pas-montrer-la-face », très présent dans l’univers pornographique hétérosexuel, est quasiment absent du porno gay. On le remplace plutôt par des hommes charismatiques et en forme. Le gros membre ne suffit plus. Pour vrai, je reste souvent un peu bête devant une scène de fellation, qui n’inclut dans son cadrage qu’une femme et un pénis. C’est agréable de voir le désir de l’homme sur l’écran. Si on voit juste une érection sans visage qui se réjouit, ça demeure assez abstrait…

J’encourage fortement les filles blasées du porno « cheapette » de même d’être curieuses d’aller vers les films de pornographie féministe. Je fais l’apologie de ceux d’Erika Lust dernièrement dans mon entourage. Ils offrent une belle diversité, et s’axent sur le désir partagé, commun, mutuel. Comme quand t’sais, tu fais l’amour pour donner, pis que ton partenaire fait pareil.

Pis si t’as pas l’âme à payer pour des films cochons, ben tu peux rester sur les sites gratuits pis regarder des beaux garçons s’embrasser.

Pis si t’as pas l’âme au porno pantoute, ben je suis contente que t’aies été curieux-se de lire jusque-là.

***

Crédit dessin de couverture : Kaël Mercader, artiste de Québec, qui peint avec le programme Paint. Pour le suivre sur sa page Facebook, c’est ici!

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