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Redéfinir l’érotisme

Le 4 février dernier avait lieu la 6e soirée du collectif Redéfinir l’Érotisme qui s’intitulait « Mesdames, Messieurs & Everybody In Between : Redéfinir Les Genres ». Parti d’un groupe Facebook, le collectif souhaite créer des espaces féministes intersectionnels, queer friendly, anti-oppressifs et inclusifs. Les soirées sont sans but lucratif, mais l’on y amasse des fonds pour des organismes communautaires touchés par les coupures du gouvernement Trudeau. Cette fois-ci, c’était pour aider ASTT(e)Q : Action Santé Travesti(e)s & Transsexuel(le)s du Québec.

Crédit photo : Vivian Fu

Voici comment le groupe s’autodéfinit : « Notre approche de la sexualité est déculpabilisante. Nous croyons fondamentalement que la sexualité ne devrait pas être une source de honte, peu importe son âge, son orientation, son genre, son origine ethnique, son abondance/absence d’expériences sexuelles, sa libido, ses préférences ou fétiches, ses traumatismes ou ses insécurités. La seule chose qui demeure en inadéquation totale avec cet univers intime et vertigineux reste, sans surprise, le non-respect du consentement.

Nous tentons d’aller plus loin que ce à quoi la culture de masse nous expose, de soulever le tapis et d’explorer tout ce qui grouille de façon souterraine. Nous sommes particulièrement touchés par les avancées sociales en ce qui a trait aux déconstructions des modèles de beauté, des genres, des orientations et des modes de vie amoureux et sexuels.

Nous sommes basés à Montréal mais avons développé des amitiés à l’étranger, notamment à New York et à Berlin. Nous tentons de créer un réseau entre tous les formidables individus et collectifs qui partagent notre enthousiasme et nos questionnements. Si vous croyez que vos projets méritent notre soutien et que le nôtre mérite le vôtre, n’hésitez pas à nous contacter et/ou à participer à nos soirées ». (Source)

La soirée du 4 février est particulièrement froide. J’empile les couches de vêtements et les foulards multicolores. Une dizaine de minutes d’autobus seulement à partir de Rosemont. Je débarque, me perds brièvement à l’intersection des viaducs délabrés. L’endroit possède des allures de film de science-fiction apocalyptique. J’attends une amie du certificat en études féministes. Elle arrive aussi frigorifiée et fébrile que moi. Nous gravissons l’escalier abrupt qui mène au repère queer.

Déjà familiarisé avec les théories féministes, queers et identitaires à l’université, c’est toute autre chose d’assister à une soirée artistique et politique organisée par et pour ces communautés. En tant que personne non binaire, je me suis senti tout de suite chez moi. L’ambiance était agréable, douce et respectueuse. Ce n’est pas partout qu’on peut se sentir en sécurité, à l’abri du jugement d’autrui et de la haine. Les safe spaces sont nécessaires et font du bien. Je dis qu’il en faut plus à Montréal ou en région.

Alex a ouvert la soirée en présentant un glossaire queer et de courts vidéos politiques amusants. Je suis tombé en amour avec Mykki Blanco récitant I Want A Dyke For President. L’artiste fait du rap, de la poésie et milite pour les droits LGBTQI+. Son travail déconstruit les identités de genre en critiquant les institutions politiques américaines. C’est beau de voir une personne d’une autre origine ethnique, queer et séropositive proposer des options audacieuses à l’art mainstream dominant. Subir de multiples oppressions rend difficile d’avoir une voix qui est entendue, voire respectée dans l’espace public. Chapeau!

Crédit photo : Mykki Blanco

Johnny Forever est mon coup de cœur de la soirée. Artiste non binaire au look futuriste et sensuel, sa performance consistait à créer d’énormes talons hauts avec des planches de bois, perceuse, scie et marteau. Il y avait quelque chose de fascinant dans ce numéro. C’est peut-être le mélange entre travail manuel et érotisme ou l’inquiétante étrangeté qui se dégageait de la poussière de bois dans un lieu fermé la nuit. Un DIY queer, authentique, décomplexé et flamboyant. J’en suis sorti la tête pleine de questions. Quel est notre rapport à la mode dans une société qui se dématérialise au profit des représentations, du paraître et des écrans? Est-ce que l’érotisme perd en intensité en voulant rester toujours « propre », blanc et immaculé? L’érotisme ne réside-t-il pas aussi dans la surprise, le détournement des normes genrées, ce qui surprend sans explication rationnelle? Je crois que la sexualité et le désir nous dépassent toujours. Ils ne rentrent pas facilement dans des petites boîtes.

Source

Redéfinir l’érotisme ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut aller à l’encontre des normes sexuelles dominantes. Je n’ai aucune idée si l’orientation sexuelle, le sexe et l’identité de genre sont des choses naturelles, des choix, des constructions sociales ou un mélange dans tout ça. Est-ce si important de trancher ce débat qui semble sans fin? Je préfère prendre la question sous l’angle de la diversité des voix. Je crois qu’il revient à chaque personne de s’autodéfinir et d’être autonome. Chaque individu est unique et a un parcours singulier qui lui appartient. Ce n’est pas à la Science ni à l’État de décider d’une vérité unique qui fonctionnerait pour tous les gens. L’Histoire a montré que la transphobie s’inscrit en système dans de nombreuses institutions sociales.

Accepteriez-vous de dater une personne trans? Une personne d’une autre origine ethnique que vous? Avec un handicap? Plus grosse que vous? Au-delà des préférences personnelles, nous avons tous et toutes des biais. Les modes et désirs changent selon les époques et les contextes sociopolitiques. Redéfinir l’érotisme, c’est aussi s’ouvrir sur les autres, leurs différences et leurs particularités. Le premier pas à faire est de s’informer et de s’éloigner un peu de ce que l’on connaît. Je vous invite à surveiller les prochaines soirées de Redéfinir l’Érotisme!

Crédit photo : Pierre Khoury

Pour aller plus loin, voici les organismes et quelques-uns/unes des artistes trans, queers et non binaires présents à la soirée :

Redéfinir l’Érotisme / ASTT(e)Q / Johnny Forever / Candi / Pierre Khoury
(entre autres)

Par Simon Poirier

Source

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