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Une impression de vide

C’est toujours comme ça. Tu te rends chez lui sachant très bien ce qui va avoir lieu. Tu t’assures d’être présentable et tu prends bien soin de choisir tes plus beaux sous-vêtements, les noirs en dentelle qu’il aime tant.

Un dernier coup d’oeil dans le miroir et tu te diriges d’un pas décidé vers son appart sur St-Laurent.

Ce soir, comme tous les soirs où vous vous voyez, vous allez baiser. Non pas faire l’amour puisque cet acte demande une certaine implication émotionnelle.

Seulement baiser parce que ça fait du bien, une fois de temps en temps, se sentir importante.

Il te donne du plaisir et tu sais très bien lui rendre la pareille.
L’instant d’un moment tu réussis à caresser cette hormone du bonheur qui te fait sentir si vivante, si aimée, si désirée.

C’est toujours enivrant avec lui. Il est ouvert sexuellement et t’aimes ça.

T’aimes le buzz que ça te donne, l’impression d’importance qui submerge ton corps quand il te prend.

Tu te rhabilles, ton euphorie diminue peu à peu…

Tu enfiles ton manteau, tu le remercies pour ton plaisir et tu plonges tête première vers cette nuit noire. Il est 1h du mat’. La lune se dresse fièrement dans le ciel.

Tu as froid, froid à l’âme.

Tu marches vers chez toi sur ce trottoir de béton frigide qui a fini par apprécier tes répétitives présences nocturnes. Cette fois-ci, quelque chose te prend au coeur. Une vague glaciale te fouette en plein visage et pénètre ton corps. Tu te sens vide à l’intérieur. Un vide de malaise, un vide de dégoût. Tu te sens terriblement seule, tu te dégoûtes. Pourquoi as-tu encore fait ça ?

Tu as vraiment besoin de te sentir si désirée le temps d’une soirée?

T’as l’impression de n’avoir aucun amour-propre, de n’être qu’un corps jetable, une solution de dépannage bas de gamme, un modèle de prédilection pour une simple utilisation lors d’un mercredi soir où l’on se sent seul.

Mais c’est plus fort que toi. Tu sais que tu vas y retourner la semaine prochaine. Que tu vas de nouveau revêtir ta dentelle, même si ce n’est que pour une heure de bonheur vide. Parce que même si c’est passager, t’es une droguée de dopamine.

Tu ne peux pas t’en passer, même si ça te fait sentir vide à l’intérieur.

Crédit photo : Paulina Metzscher

Par Emilie Helik-Deschênes

Marie-Ève Joseph

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