15h. C’est l’heure de la pause dîner qui sonne. Ouais je sais, pas mal tardive. Elle sait se faire désirer celle-là. Alors je sors au grand air, question de fuir la job de pas trop loin pour un instant. Si seulement je pouvais aller me prendre un McFleury au McDo, ce serait le bonheur. Y’en a à tous les coins de rues, pas difficile à trouver. Mais y’en a pas à MON coin de rue, là, présentement. Bref, j’ai faim pi c’est l’heure de ma pause : c’est de même que l’histoire commence.
Je suis assise sur la table à pique-nique peinard à regarder mon fil d’actualité Facebook : le classique de tout bon employé en pause. Pendant que j’apprends que madame chose est en couple avec monsieur un tel, y’en a une qui s’amuse ben gros à me fixer pi à m’épier.
Ben oui chérie, j’suis habillée en exploratrice qui a l’air d’être sur le bord d’aller nourrir les éléphants pi les tigres du zoo. Si je peux t’en apprendre une bonne ma petite, tout ce qu’à sert ton exploratrice c’est de la slush aux kids en rush de sucre. Ah pi à vend des billets de téléphérique aux touristes en recherche de semi-sensations fortes aussi, rien pour s’énerver. Pi pourquoi t’es pas avec tes grandes chums entrain de te gaver de frites du McDo hein?
Voir que je fixe une mouette en lui disant ça mentalement. Voir. Les émanations de slush me font clairement pas.
Mon iPhone vibre. Vibration=Message.
«Limite Internet atteinte» que ça dit. Niaise moi. Beau tête à tête avec miss Mouette en vue.
Je lâche mon cellulaire. Même si je passe plus de quarante heures de ma vie par semaine à cet endroit, pour la première fois depuis trop longtemps, j’ai regardé ce qui m’entourait. Pi ça c’est avéré être beau. Pi ça, ben je l’avais oublié.
Plus souvent qu’autrement, on voit. On ne regarde pas. On fait juste voir. La Chute Montmorency, ben je la vois. À chaque jour à part ça. Que ce soit pour la traverser, en me mettant les deux pieds à 87 mètres au-dessus du vide pour y arriver; ou encore pour me retrouver à sa base grâce aux escaliers ou au moyen de transport le plus exotique qui soit, le téléphérique.
Je la vois. Sans plus. C’est juste mon gagne-pain pour l’été. That’s it.
Mais quand on prend vraiment le temps, quand on regarde, c’est là qu’on comprend un peu mieux. Qu’on comprend que le kid de tantôt était pas en rush de sucre quand y tirait le bas de la jupe de sa mère, qu’il était seulement pressée d’aller découvrir ce qu’il avait perçu par la fenêtre de l’auto. Qu’on comprend pourquoi les touristes reviennent de leur escapade avec les yeux grands comme des deux piasses en posant deux milliards de question sur la fameuse Chute.
Parce que c’est beau. Parce qu’on n’en retrouve pas à tous les coins de rue des beautés naturelles comme ça. Parce qu’en général, on ne prend pas le temps au quotidien de s’émerveiller face à tout ce qui nous entoure.
En voyage, on prend le temps. On ouvre grand les yeux. Un rien devient un tout.
Et si on devenait les touristes de notre propre vie, en décidant chaque matin d’ouvrir les yeux sur ce qui nous entourent? Si au lieu de prendre une selfie en se rendant à la job, on regardait autour de nous un peu? Essayez donc une journée. Voir c’est simple, regarder pourrait être plus complexe que vous ne l’imaginez.
Miss Mouette est toujours là, fidèle spectatrice d’une fillette un peu trop perdue dans ses pensées. En la regardant au final, je m’explique mieux pourquoi elle en avait rien à faire des frites du McDo. Comme elle, faites pas de votre vie un McDo. Y’en a à tous les coins de rues.
Gros merci à Miss Mouette de m’avoir permise de pondre ceci.