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À toi qui ne vois pas la nécessité d’implanter un cours d’éducation sexuelle dans les écoles

Depuis les années 2000, la réforme scolaire a enlevé plusieurs choses sur son passage et en a implanté d’autres. L’un des grands oubliés de ce nouveau système sont les cours d’éducation sexuelle obligatoires au primaire et au secondaire qui ont maintenant disparu. Même si les cours d’éducation sexuelle donnés autrefois avaient des lacunes et ne présentaient que le côté biomécanique de la chose, ils étaient tout de même primordiaux et nécessaires pour que les jeunes apprennent les changements qui les attendent et le fonctionnement de leur corps.

Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus accès à ces cours. Des projets pilotes sont en essai, bien sûr, mais la majorité d’entre eux grandissent sans avoir de telles informations. Certains parents font alors l’éducation sexuelle de leurs enfants, pour les plus à l’aise, mais d’autres ne veulent pas en parler par gêne ou par crainte que leurs enfants ne deviennent des nymphomanes aguerris. La pornographie est donc devenue le pendant des cours d’éducation sexuelle de jadis. Cela fait donc en sorte que les jeunes grandissent avec une image de la sexualité complètement biaisée par une industrie qui présentent des corps tous similaires, des relations sexuelles dégradantes pour les femmes et très longues et performantes pour les messieurs. Le visionnement de ce genre d’images fait en sorte que les jeunes éprouvent énormément de complexes par rapport à l’apparence de leur corps et particulièrement à leurs organes génitaux, à leurs performances sexuelles et consultent souvent pour des troubles de l’orgasme. La pression et la performance ont remplacé le plaisir et la découverte. Maintenant, on sait à quoi s’attendre, ce que l’on doit faire et ce dont on doit avoir l’air. Et on apprend avec des informations erronées.

L’éducation sexuelle vise plusieurs buts, notamment permettre aux jeunes d’améliorer la perception de leur image corporelle, développer des relations amoureuses et affectives qui respectent l’autre et soi-même, développer leur esprit critique, leur jugement et leur sens des responsabilités. Les sujets traités sont variés : les relations, les ITSS, la contraception, la pornographie, les agressions sexuelles, les dysfonctions sexuelles, le rapport au corps et l’estime de soi, l’identité et les normes sociales, la puberté et la grossesse. Cela permettra aux jeunes d’avoir une  vision plus positive de la sexualité, d’être moins exposés aux ITSS, aux grossesses à l’adolescence, à l’intimidation par rapport au genre ou à l’orientation sexuelle et aux agressions sexuelles.

Il n’y a qu’à voir la vague des dernières actualités pour savoir qu’un cours concernant l’éducation sexuelle, et particulièrement le consentement, la violence sexuelle et les relations saines et malsaines, serait plus que nécessaire. La culture du viol présente au quotidien dans notre société démontre bien l’importance d’éduquer les jeunes en bas âge et à l’adolescence sur ce qu’est le respect de l’autre et de soi. D’ailleurs, les dernières études montrent des taux alarmants de violence psychologique, physique, verbale et sexuelle chez les adolescent.es ayant un.e partenaire.

En plus de ces différents enjeux, les jeunes ne connaissent pas assez bien le fonctionnement et l’anatomie de leur corps. Ils connaissent donc encore moins celui des autres, particulièrement si cette personne est du sexe opposé. Les jeunes sont aussi très peu informés en ce qui concerne les ITSS et la contraception, d’ailleurs, c’est cette tranche d’âge qui est le plus à risque de contracter plusieurs ITSS. Les taux de gonorrhée et de chlamydia n’ont jamais été aussi élevés pour cette population.

La présence de l’expression d’une sexualité différente, que ce soit par son orientation sexuelle ou son identification de genre, n’est pas quelque chose de nouveau. Il est même courant de connaitre au moins une personne n’étant pas hétéro ou cisgenre. Or, faire de l’enseignement aux plus jeunes concernant la communauté LGBT+ permettrait de diminuer l’intimidation qui est associée (et qui découle souvent d’une désinformation) et la détresse que peuvent vivre ces jeunes qui ne se comprennent pas trop et se sentent anormaux.

Enfin, les parents peuvent penser que ce n’est pas nécessaire ou qu’avoir des cours d’éducation à la sexualité va corrompre les jeunes. En fait, les études confirment plutôt le contraire. Le fait de parler de sexualité à des jeunes leur permet d’avoir une sexualité positive, des activités sexuelles consenties, moins de partenaires sexuels, une plus grande propension à se protéger et moins de grossesses à l’adolescence. Ce qui m’amène sur mon dernier point : les sexologues sont aussi les mieux outillés et formés afin de donner de tels cours d’éducation sexuelle. La formation requise afin d’avoir un baccalauréat en sexologie est multidisciplinaire et couvre l’ensemble des volets pertinents pour mieux comprendre la sexualité humaine et les relations. Les enseignants ne devraient pas donner ces cours, qui demandent d’avoir une aisance, d’être à jour sur les informations véhiculées et de savoir parler de façon non hétéronormative, mononormative ou cisnormative.

Les sexologues éducateurs travaillant dans les écoles sont habilités à exercer des activités de conception, d’actualisation, de prévention et de promotion de la santé sexuelle et de la vie affective saine. Ils peuvent aussi planifier et créer des ateliers, conférences ou formations en lien avec la sexualité. Enfin, en relation d’aide, ils écoutent les personne avec qui ils travaillent en les encourageant à nommer leurs besoins, leurs attentes et leurs craintes afin de les amener à améliorer, à maintenir ou à rétablir une santé sexuelle satisfaisante.

Bref, je suis pour le retour des cours d’éducation sexuelle dans les écoles, et qu’ils soient réformés de sorte qu’ils correspondent plus à la société d’aujourd’hui. Et surtout, je suis d’avis que ces cours doivent être donnés par des professionnels dûment formés et encore méconnus : les sexologues.

Source :

Sexologue en éducation/intervention

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