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À voir cet automne au Musée d’art de Joliette

À l’occasion du vernissage de ses expositions d’automne, le 6 octobre dernier, le Musée d’art de Joliette offrait un service de navette à partir de Montréal. Je salue cette super idée qui permet au plus grand nombre d’y participer et d’intégrer le Musée à l’agenda culturel des Montréalais. Ayant habité à Joliette pendant plus de 4 ans, j’étais enchantée de faire un petit tour dans mon ancien patelin. Présentées jusqu’au 6 janvier, les expositions temporaires du MAJ traitent de thématiques plus qu’actuelles : rapport avec notre environnement, féminisme, intelligence artificielle, milieu carcéral, droits des autochtones et accès à la carrière artistique.

Migrations – Mat Chivers

Migrations, Mat Chivers

L’exposition Migrations de l’artiste britannique Mat Chivers à elle seule vaut le détour. Composée d’une imposante installation sculpturale, de dessins et d’une vidéo, elle est le fruit de nombreuses collaborations, dont celles de programmeurs en intelligence artificielle et de spécialistes en numérisation 3D. Lors d’une conférence C2 à Montréal, plus de 1 000 personnes ont laissé l’empreinte de leur main dans l’argile en pressant la matière recueillie à proximité du mont Saint-Hilaire. Ces empreintes furent les toutes premières données en trois dimensions au monde à être analysées par une intelligence artificielle conçue de toutes pièces pour le projet. L’intelligence artificielle a ensuite créé sa propre forme virtuelle selon sa compréhension du geste primaire répété d’une empreinte dans la matière alors qu’elle est elle-même dépourvue de toute capacité physique. Taillée dans un énorme bloc d’impactite, la sculpture colossale impressionne surtout par les questions philosophiques qu’elle soulève. Quel impact l’avancée de l’intelligence artificielle aura-t-elle et a-t-elle déjà sur nos rapports avec notre environnement, la matière et les autres?

Migrations, Mat Chivers

À proximité de l’œuvre, on retrouve un diptyque formé de deux dessins d’hirondelles en symétrie, résultat du travail de la main droite et de la main gauche de l’artiste. Évoquant les deux hémisphères du cerveau, l’artiste explore la circulation de la pensée dans la matière, ici le corps. L’hirondelle a été choisie pour son parcours migratoire qui marquait pour les marins anglais le long chemin parcouru, puis le retour au nid. L’œuvre s’interroge sur la transformation du processus d’apprentissage qui aura lieu lorsque notre rapport à la matière sera encore moins physique qu’il ne l’est aujourd’hui avec l’avènement du numérique et le progrès de l’intelligence artificielle.

How One Becomes What One Is – Leisure

Dualité/Dualité, Leisure

Dans sa première exposition individuelle, le collectif montréalais Leisure, formé de Susannah Wesley et de Meredith Carruthers, offre au visiteur une collection d’œuvres inspirées de femmes emblématiques du milieu du XXe siècle, dont l’artiste multidisciplinaire Françoise Sullivan et la paysagiste Cornelia Hahn Oberlander. Dans une démarche féministe, Leisure s’intéresse particulièrement aux œuvres issues de stratégies qui ont permis aux femmes de pratiquer leur art alors qu’on attendait d’elles qu’elles se conforment à leur rôle de genre. Parmi ces stratégies, on compte la multidisciplinarité et les collaborations artistiques qui ont donné naissance à des innovations dans le domaine artistique. L’exposition se veut en cela un collage ou plutôt une conversation entre les œuvres, créant ainsi des interactions spontanées dans le temps et l’espace.

On y découvre entre autres un diptyque inspiré du travail de la peintre Gluck et de son amante Constance Spry qui, par ses arrangements floraux inspirés des peintres flamands et hollandais, cherchait à revendiquer son travail comme étant un art à part entière. C’est toutefois l’accrochage de huit grandes impressions mettant en scène Françoise Sullivan, signataire de Refus global, qui a attiré mon attention. Composant une seule et même œuvre, chaque panneau compte deux images d’archives qui s’opposent pour représenter la dualité qui se trouve en chacune de nous. La danse étant proscrite par le clergé, ces photographies d’une femme en action et maître de ses décisions s’opposent à la représentation classique de la femme passive se perdant dans un paysage. Ce mouvement dans l’espace rappelle ici les changements qui s’opèrent dans le rapport au monde des femmes pendant la deuxième moitié du XXe siècle.

The Theory of Loose Parts, Simon Nicholson (archives)

Dans un même ordre d’idées, deux œuvres participatives permettent aux jeunes et moins jeunes d’être en contact avec la matière et de développer leur créativité selon l’idée que l’action de créer n’est pas accessible qu’aux virtuoses, faisant référence à The Theory of Loose Parts de l’architecte Simon Nicholson.

À voir aussi :

35+ Prisons in Québec – Sheena Hoszko

Il s’agit d’une installation sculpturale de l’artiste montréalaise Sheena Hoszko, qui a visité les prisons fédérales et provinciales du Québec dans le but d’explorer la question de l’invisibilisation de la population carcérale et des personnes qui sont surjudiciarisées par rapport à la population générale, notamment les Autochtones, les minorités visibles, les personnes atteintes de troubles de santé mentale ou issues de milieux défavorisés.

Sheri Pranteau : Undisappeared – Groupe Épopée

L’installation vidéo redonne la parole à Sheri Pranteau, une femme d’origine crie et anishinaabe du Manitoba accusée d’homicide involontaire et de vol à main armée. Elle propose une réflexion sur la structure du pouvoir et la situation des femmes autochtones dans le système carcéral.

Holgate, Jackson et MacDonald

En lien avec la thématique commune de la relation entre l’homme et son environnement des expositions automnales, le Musée expose quatre œuvres du Groupe des Sept s’inscrivant dans la construction de l’identité canadienne par le paysagisme.

Ne manquez pas l’occasion de jeter un œil également à l’exposition permanente Les îles réunies et à l’installation Collections, le temps suspendu de Claudie Gagnon, réalisée dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture lors de l’agrandissement du Musée en 2014.

Crédit photo : Sandra Nadeau Paradis

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