Parfois, j’ai envie de voyager dans l’temps.
Pas trop loin. Juste un peu plus qu’hier.
J’ai envie d’enfiler mon chandail Joshua Perets pis mes pichous et de faire un p’tit tour dans mes souvenirs. J’ai trouvé une intensité authentique dans mes reliques d’adolescente.
J’ai pris le temps de me rappeler un peu.
Je me suis rappelé mes grands yeux ronds qui arrivaient pour la première fois dans des soirées arrosées. La boule disco tournait. Et on parlera même pas de ma tête. Je m’identifiais facilement à toutes les chansons qui jouaient. J’avais les joues presque aussi rouges que le red solo cup de Sour Puss que j’avais dans les mains.
J’ai croisé en passant le feeling de fierté qui m’accompagnait quand les lampadaires se fermaient un par un et que moi je me réveillais à coups de noirceur. J’ai flirté avec la folie des premières fois. Celle où j’allais explorer les bois, sans mes parents, seulement avec mes amis. J’ai repensé à la chaleur de mes premières soirées d’été. À la première fois où la vague de liberté est venue noyer tout ce qu’il y avait de responsable en moi.
Ma nostalgie s’est promenée jusqu’aux compliments qui m’ont fait rougir. Jusqu’à la première fois qu’un garçon m’a regardée d’une manière différente. Jusqu’au vieux chandail ligné qu’il m’a passé pour que je reste au chaud parce que pour lui c’était bien important. Jusqu’à ses sentiments naissants déguisés en taquineries anodines. T’sais, le genre de gars qui ne convient plus à la personne que tu es devenue, mais qui était parfait pour celle que tu étais.
Ça me fait du bien quelquefois de partir en voyage dans le monde du déjà vécu. De revisiter cette naïveté-là, dans le temps où on croyait dur comme fer au « peut-être ». Nos pensées se réfugiaient dans les rêves, l’amour et l’amitié. Parce qu’entre toi pis moi, on sait très bien qu’on n’avait pas beaucoup d’argent à cette époque-là; on vivait plus d’expériences que de biens. On vivait plus de regards que de baisers, de félicitations que de récompenses.
Je trouve ça inspirant comme manière de vivre. Vivre comme si tout était nouveau à nouveau. S’imbiber de premières fois pour brûler d’excitation. Encore et encore.
Au fond, c’est peut-être ça être forever young…
Par Amélie Savard
Marie Lortie Côté
Photo de couverture : Source