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Lettre à mon frère

Hey, mon frère, je sais, on ne se parle pas assez souvent. C’est toujours dans les moments importants qu’on regrette de ne pas être aussi proches qu’on le voudrait. Et puis là, je suis de l’autre côté de l’océan alors que tu es dans un lit d’hôpital. Au Québec, il est 18 h. En France, il est minuit. Tu te remets de ta deuxième opération. Mais tu n’es pas malade. Même que tu te rapproches de plus en plus de ton rêve à chaque chirurgie. Maman a posé le téléphone sur ton oreille pour que je puisse entendre ta voix endormie par l’anesthésie. Tu m’as dit « Je t’aime », je t’ai répondu que j’étais fière de toi. Maman m’a envoyé une photo. Mon cœur s’est rempli de fierté quand j’ai vu ta barbe. Elle n’était pas aussi fournie la dernière fois qu’on s’est vus. Il y a 3 mois de cela déjà. Comme un enfant qu’on n’a pas le temps de voir grandir, je n’ai pas le temps de te voir devenir un homme. Chaque fois, je suis ébahie par ta voix de plus en plus grave, tes épaules de plus en plus larges et ta mâchoire qui devient carrée.

Quand on me demande si je suis enfant unique, je réponds que j’ai un frère. C’est devenu la phrase la plus naturelle du monde. Ce n’est que lorsque je connais quelqu’un plus intimement que je lui dis que tu n’es pas né dans un corps d’homme. Parfois ça surprend, généralement ça intrigue. On me pose toutes sortes de questions et je suis fière de leur répondre que maintenant tu peux être toi-même. Que tout le monde accepte ta transition puisque nous savons que cela te permettra d’être enfin heureux. Le petit garçon manqué deviendra un homme complet.

Avec cette opération, tu as définitivement mis fin à la possibilité d’avoir des enfants biologiques. Je sais qu’il s’agit d’un deuil pour toi, mais je suis certaine que tu en auras des petits, le temps venu, avec la personne que tu aimeras. On en parle peu, mais derrière le désir urgent de modifier son sexe se cache également une panoplie de deuils en chemin, de bouleversements hormonaux et de souffrances. Lorsque mon instinct de grande sœur s’inquiète pour toi, je me souviens qu’aucune douleur physique ne peut être aussi grande que celle de la dysphorie de genre.

Mon frère, tu es la personne la plus courageuse que je connaisse. Je suis tellement fière de ton parcours. J’ai très hâte de te serrer dans mes bras et de voir combien tu auras changé pendant mon absence. À bientôt frérot. Repose-toi bien. Je t’aime.

Source photo de couverture : Unsplash

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