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Mémoires d’une hypersensible

D’aussi longtemps que je me souvienne, je ressens beaucoup, même trop. Pour une enfant qui parlait beaucoup, le non-verbal était pour moi le langage le plus évident. Je suis née avec un nœud dans l’estomac qui se serre et se desserre au gré des émotions des autres, même si celles-ci demeurent inexprimées. C’est comme avoir un deuxième cœur dont le pouls est déterminé par les intrants émotionnels. Ce que je ressens dans ma psyché ne tarde à se manifester physiquement ; les maux de l’âme deviennent ceux du corps. Ce que tu me dis me touche, ce que je devine de toi, encore plus. On me parlera d’anxiété généralisée, de sixième sens, d’instinct, d’une âme troublée, d’une émotivité démesurée…

Comme la destinée d’Obélix était de tomber dans la potion magique qui lui donnerait une force incommensurable, je pense simplement que de manière hasardeuse, le petit spermatozoïde gagnant que j’étais au départ carburait sur la compassion et la sensibilité, et très peu sur la rationalité. J’t’une passoire. Je vis continuellement un flot d’émotions profondes : celles de mon entourage qui entrent à leur guise, et les miennes qui se libèrent avant même que je ne puisse les décortiquer, les rationaliser. Le réel problème, c’est quand la passoire devient une éponge, et que celle-ci se gorge à pleine capacité, sans personne pour l’essorer.

Parfois, l’éponge humaine que je suis est tellement saturée qu’elle n’arrive plus à se déplacer. Ce sont ces journées-là où je dors 15 heures sur 24, et que, faute d’espace dans mes pores spongieux, tout relâche. Les larmes coulent, les muscles sont mous, tout cesse d’être souffrant, car trop de souffrance, c’est comme trop de bonheur ; on finit par ne plus s’en rendre compte. L’habitude, quoi. Et tranquillement, je finis par me relever, sèche, légère et vide, prête à une fois de plus m’approprier la misère du monde, en tentant cette fois d’y aller molo. Pas facile quand tu te sens vouée à dorloter l’âme de tout le monde.

Dans ce cycle visiblement discutable, il faut apprendre à se choisir avant de faire de soi un martyr. Sans mettre sa switch émotionnelle à off, comme le font les vampires dans The Vampire Diaries, et se la jouer complètement cold hearted, il faut apprendre à cultiver les énergies positives, revigorantes. Ceci dit, oust les relations malsaines et drainantes! Surtout celles qui durent depuis toujours. On a plus de contrôle sur notre passoire que l’on croit, et la clé à notre survie comme hypersensible dans un monde individualiste et avare est de créer un quotidien empreint d’intrants émotifs majoritairement positifs. Ce faisant, choisir qui l’on côtoie, quel type d’emploi ne vide pas nos précieuses réserves d’énergies émotionnelles et comment on occupe nos temps libres pose un poids énorme dans la balance de notre santé générale.

Être hypersensible, c’est ne pas dormir le soir en pensant au déclin des abeilles. C’est évaluer tous les facteurs du conflit israélo-palestinien dans l’espoir de trouver des réponses en te rendant à pied à l’épicerie. C’est penser à quelqu’un qui a été gratuitement méchant à ton égard et ressentir de la compassion envers son âme tourmentée qui l’a amené à poser son geste malveillant. C’est se retenir pour ne pas verser une larme envers une petite mouffette happée sur le bord de l’autoroute. C’est essayer de ne pas péter au frette dans le tourbillon de choses fucked-up qui se rendent dans ton fil d’actualité. C’est le visage glacé de l’itinérant que tu as croisé il y a un mois. C’est mon amie au cœur brisé. C’est se demander tous les jours pourquoi les environnementalistes sont une catégorie de gens et non pas tous les gens.

Tout ressentir m’a fait taper le fond… mais par moment, ça me fait presque frôler les cieux. Ces larmes sèches qui étouffent ont aussi été un rire strident qui transcende chaque parcelle de mon Être. Ces moments de détresse ont aussi été des élans d’euphorie sans pareils. Ces colères orageuses ont aussi été de l’amour à rendre jaloux. Toute cette haine momentanée s’est transformée en compassion enivrante.

Je suis hypersensible, car je ne saurais pas être autrement.

Source de la photo de couverture

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