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Mes gros bras mous

C’est l’été! Le soleil nous darde de ses chauds rayons, quand il n’essaie pas carrément de nous tuer. #canicule

C’est l’été, pis j’haïs mes gros bras mous. J’ai le haut des bras qui flacotte. Peu importe mon poids ou combien fort je m’entraîne, mon gras de bras est jamais tight. Le constat que j’en fais, c’est qu’on est rarement satisfait-e du corps dont on a hérité. Quand ce n’est pas nos bras mous, c’est nos genoux, notre cellulite, notre ventre, nos trop/pas assez gros seins, nos cheveux, notre acné… name it. Si ça existe, c’est un complexe pour quelqu’un. L’hiver, ça se camoufle mieux. Un pantalon long, un chandail pas trop ajusté, une tuque, du maquillage, on a des options, t’sais. L’été, ça pardonne moins : à 42°C, on s’entend qu’il fait chaud, même pour celles et ceux qui ont des bras mous. Reste que jusqu’à il y a quelques années, je n’avais jamais osé porter de camisole pour sortir de chez moi. J’endurais mon chaud et je ruminais mon complexe.

Un jour, ne me demande pas ce qui m’a pris, j’ai pas réfléchi et je suis sortie de chez moi en camisole. Arrivée à destination, je me souviens être sortie de ma voiture et avoir croisé un homme qui a louché vers mon épaule et qui m’a lancé : « Fait chaud, hein! » Je n’ai jamais su pourquoi il a regardé mon épaule, ni pourquoi il a commenté la température. Avait-il simplement envie de small talker sur la météo? S’est-il dit : « Ark dégueu, je veux dé-voir ces gros bras mous »? (C’est évidemment l’option que j’ai retenue.) S’est-il dit : « J’adore l’été et toutes ces jolies filles en camisole »? (Ben quoi, ça aussi ça se peut, non?)

Tout ça pour dire que ça a comme été un déclic. C’est précisément à ce moment-là que j’en ai eu assez d’avoir tout le temps peur de me faire juger par des gens qui, by the way, ONT EUX AUSSI DES COMPLEXES. Je l’ai écrit en majuscule, parce que c’est important de s’en rappeler. J’ai regardé le monsieur droit dans les yeux et j’ai répondu : « Ben oui, hein! Fait chaud pour tout le monde! »

Je te mentirai pas, j’ai encore souvent peur de me faire juger. Mais maintenant, quand il fait 42°C, je porte la camisole. On ne le dira jamais assez : on a le droit d’exister. On a le droit d’exister et d’avoir chaud. On a le droit d’exister et de porter fièrement nos bras mous, nos genoux, notre cellulite, notre ventre, nos trop/pas assez gros seins, nos cheveux, notre acné… On a le droit d’exister et de se trouver belles et beaux comme ça. Ou pas, mais en tout cas, on ne devrait pas souffrir de la chaleur en silence, en restant emprisonné-e dans ses complexes, en ayant peur de déranger si par malheur on ose dévoiler un bout d’épiderme pas assez ferme au goût #desgens.

Si on se croise un jour de canicule et que je porte une camisole, tu peux me faire un clin d’œil, je comprendrai qu’on se reconnaît. On se fera un high five de gros bras mous.

Crédit illustration: la talentueuse Maude de Les folies passagères, consultez sa page Facebook ici.

Par Mylaine Lemay

Source : Pixabay

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