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Mon adoption

J’ai toujours été inconfortable vis-à-vis les multiples interrogations de ceux qui m’entourent à l’égard de mon adoption, surtout devant la fameuse question « Aimerais-tu retourner en Chine et retrouver tes parents biologiques ?». Même si je savais que c’était bien souvent que par curiosité, j’avais de la difficulté à partager mes émotions avec autrui. À vrai dire, j’étais persuadée d’être complètement indifférente par rapport à ce sujet puisque j’étais confortable chez le foyer de mes parents adoptifs. Je me donnais une image de tough girl pour qui cet événement n’avait eu absolument aucun impact et ce, pour chercher à dissimuler ma personnalité bien vulnérable.

Bien que je sois une personne ultra accessible et de nature à aller vers les autres, je n’avais jamais vraiment été capable de tisser des liens sur une base à long terme. Je finissais toujours par me replier sur moi-même et par éviter leur regard dans les couloirs. Ce blocage au niveau relationnel me stressait beaucoup, voire m’angoissait, car je n’en comprenais pas la source. Puis, vers l’âge de 16 ans, j’ai vraiment cherché à en trouver la cause et j’ai finalement établi une corrélation entre le fait d’avoir vécu les dix premiers mois de ma vie dans un orphelinat et mon instabilité émotionnelle.

À vrai dire, au cours de mon adolescence, j’avais peur, au fin fond de mon petit cœur. Je tremblais comme une feuille à chaque fois que je faisais une nouvelle rencontre, à chaque fois que je m’embarquais dans une nouvelle relation amoureuse. À chaque fois, j’avais peur d’être abandonnée… à nouveau. Je me répétais sans relâche « Comment peuvent-ils vouloir de moi ? Comment peuvent-ils affirmer qu’ils resteront là pour moi si mes propres parents, ceux qui m’ont mis au monde, ne sont pas restés, eux ? ». Je faisais du mal à moi-même en me tourmentant de questions de ce genre. Je m’empêchais de m’ouvrir aux autres et dès qu’une personne réussissait à fissurer ma carapace, je la fuyais. Aujourd’hui, j’ai réalisé qu’en fuyant ces gens, je me fuyais moi-même. Je fuyais les sentiments complètement naturels, complètement humains d’éprouver. Je fuyais les opportunités qu’on me perchait afin de rendre mon existence tout simplement plus belle, plus lucide, plus libre, meilleure.

Dorénavant, j’essaie au maximum de dire oui aux gens et de leur offrir une chance avant de systématiquement leur fermer la porte au bout du nez. J’essaie d’accepter le fait que certains quitteront ma vie aussi tôt qu’ils l’ont pénétrée, mais que d’autres resteront, car je suis appréciée. Je suis convaincue que mes parents biologiques, eux aussi, m’aimaient profondément, mais qu’un concours de circonstances s’est installé contre leur gré. Par conséquent, ceci a brimé tous les liens dignes d’une relation parents/enfant que j’aurais pu forger à leurs côtés. Et même si une partie de moi leur en ont toujours voulu de m’avoir abandonnée, je ne crois pas que ce soit fondamentalement de leur faute – ou du moins, je ne crois pas que c’était ce qu’ils désiraient concrètement. En effet, je pense qu’ils auraient voulu me garder et qu’ils ont fait tout en leur pouvoir pour me garder, mais qu’un motif encore plus fort et plus juste les a convaincus que je serais mieux en bâtissant ma vie loin d’eux.

C’est vrai que la véritable raison pour laquelle j’ai été placée dans un centre d’adoption dès les premiers jours de ma naissance m’a longtemps rendue perplexe. Mais maintenant, il est temps pour moi de foncer et de traverser avec audace et confiance les obstacles auxquels je serai confrontée. Bref, de rendre honneur et justice au don le plus précieux du monde qui m’a été offert par mes parents biologiques, la vie.

Moi bébé avec mes parents!

Pour conclure, j’aimerais citer une phrase de mon film préféré The Perks of Being a Wallflower : Even tough we don’t have the power to choose where we came from, we always have the power to choose where we go from there. Et ça, papa, maman, vous pouvez compter sur moi.

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