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L’idée de cet article m’est venue en voyant une publicité de colliers à l’effigie d’un mignon koala. On lisait « Sauvez les animaux sauvages australiens, achetez ce collier! » Moi je lisais surtout « Financez la main-d’œuvre sous-payée dans des pays en voie de développement et mettez votre collier à bord d’un avion pour qu’il parcoure la moitié du globe avant de se rendre chez vous dans du papier bulle. » Dans un an (gros maximum), arborer fièrement le koala ne voudra plus rien dire. Vous l’oublierez dans votre tiroir et toute cette mascarade n’aura servi qu’au capitalisme. Encore. Au détriment de tellement plus que les feux en Australie.

Cette situation est vraie partout. Les industries veulent du profit. Et comment faire ce profit? En offrant quelque chose que le consommateur n’a pas. Mais on donne quoi à une société qui a déjà tout? Qui a déjà trop? On mise sur ce qu’elle veut changer. Sur la peur, le doute et le manque de confiance.

As-tu déjà lu sur une boîte de céréales « sans gras »? Qu’est-ce que ça veut dire exactement? Que le produit ne contient pas de matières grasses. Sans pousser la réflexion, on comprend que le gras, aujourd’hui, c’est le démon. Personne ne veut être gras et gros. Ça fait peur. Alors on l’achète, parce qu’on croit que les gens qui ont fabriqué ce produit avaient nos intérêts à cœur. Sauf que le gras, c’est aussi la noix de coco, l’huile d’olive, les graines de chanvre ou de chia. Ce sont les omégas-3, la concentration et la santé du cerveau. C’est clair que « N’aide pas aux fonctions cognitives » c’est pas très gagnant comme pitch de vente. « Faible en calories » ça sonne appealing, alors qu’en fait, c’est seulement « faible en énergie » et « tu vas avoir encore faim dans une heure. » Conditionnés à répondre aux normes de la société, nous gobons le marketing en faisant confiance à ceux qui ont comme but premier non pas notre bien-être, mais leur enrichissement.

As-tu déjà plusieurs soutiens-gorge ou petites culottes? Oui. Mais as-tu celui-ci? Celui en fibres de bambou, plus confortable et éco-responsable? Amazon va te convaincre que c’est la meilleure invention depuis le pain tranché. C’est un besoin. Ça va te sauver d’un cancer du sein.

On donne quoi à une société qui est en train de s’empoisonner elle-même à grands coups de pollution et de plastique à usage unique? On lui donne deux choses qu’elle n’a pas : la santé et l’espoir.

On ne veut pas finir malade. C’est effrayant. On ne veut pas croire que la planète va si mal. Ça fait peur aussi. Alors on fait ce qui semble le mieux et on sort notre carte de crédit. Le soutien-gorge si éco-responsable qu’on te vend commence sa production dans les mains d’enfants en Indonésie, qu’ils fabriquent avec des matériaux importés. Un vêtement qui sera aussi importé jusqu’au Québec, en avion puis en camion.

Quand il arrivera à ta porte, il aura voyagé plus que toi dans ta vie. Après avoir pollué par divers moyens, tu regarderas fièrement ta nouvelle acquisition en te disant « j’ai fait mon petit bout pour la planète. »

La chose la plus éco-friendly que tu puisses faire est de ne pas utiliser la ressource, qu’elle soit équitable et renouvelable ou non. C’est d’utiliser ce que tu as déjà. Puis de le donner. C’est d’être celui ou celle à qui on donne. 

Le but, c’est de ne jamais, au grand jamais, arrêter de se questionner. Voir plus loin que les slogans et les atouts. Penser avec sa logique et non avec l’aide des publicités. Si vraiment les propriétaires de ces compagnies avaient à cœur l’environnement, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Nous n’aurions pas de collier de koala à acheter pour sauver le monde. Nous n’aurions pas de jeunes filles complexées qui regardent les publicités en se créant des besoins pour acheter des gaines et des thés amincissants afin de rendre leur corps conforme aux standards de la société. Standards qui ont d’ailleurs été instaurés par une société capitaliste.

N’arrête jamais de raisonner. De douter. De changer ta façon de penser. De manifester ton désaccord. De suivre ton intuition. Parce que ça, ça leur fait peur à eux. Pour une fois, ce n’est pas nous qui aurons peur. Un consommateur qui ne croit plus aux slogans, ce n’est plus un consommateur. Ce sont les fondations de l’empire qui menacent de s’écrouler. Sauf que quand leur empire tombe, le nôtre s’élève. Un monde où tous seront acceptés et que les insécurités ne seront pas utilisées pour se remplir les poches. Un monde où les koalas ne seront plus dans nos cous, mais bien dans les arbres. Un monde où le vert ne sera pas seulement sur les billets, mais aussi partout autour de nous.

Source : Unsplash

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