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Sur « vivre »

Je crois qu’on oublie le sens réel des mots, parce que les horloges. On oublie le sens des mots parce qu’on les connaît déjà, mais on ne les connaît pas vraiment parce qu’on les oublie justement. Une fois ma grand-mère m’a dit : « Mélina, tu ne vis plus. Tu survis. » À ce moment, c’était comme si toutes les horloges du monde s’étaient arrêtées au même instant pour me donner le temps d’ouvrir un dictionnaire et de revisiter la véritable notion du mot « vivre ».

On peut confondre les deux en un rien de temps, parce que les aiguilles se rencontrent un peu trop souvent et ce serait triste d’attendre à minuit moins une pour en prendre conscience et ainsi tenter de remonter le temps (impossible). Vous me direz qu’il y a les changements de saisons, mais on ne peut jamais réellement remonter ce temps à 100% et on se dit qu’une fois le tour du 24 h complété, un autre commence aussitôt (ce qui n’est pas complètement faux). Mais je ne vois rien dans tout ça qui promet l’éternité. Les batteries n’attendent pas toujours à la fin de la journée pour manquer de batterie. Je n’ai jamais cru que la juste signification du mot « vivre » menait au simple fait d’être vivant. Ça, c’est de la survie et la vie c’est bien au-dessus de ceci. C’est bien au-dessus de retenir les deux aiguilles ensemble au risque de perdre ses propres Duracell. C’est impossible de vivre dans le décalage horaire de chaque méridien parce qu’on risque de perdre la gravité. Et quand on perd la gravité, on perd l’oxygène. Et quand on perd l’oxygène, et bien c’est la mort.

Ce sentiment de perte d’oxygène, parce qu’on perd le contrôle sur la montre et on vit comme une course contre la montre sans prendre le temps de se saouler à l’air frais. Vivre, ça n’a rien à voir avec ça. Rien à voir. Pour pleinement vivre on devrait retirer les piles de toutes les horloges qu’on a d’enchaînées aux pieds. On devrait se concentrer à s’ajuster le cœur à la bonne heure et donner vie aux grains de sable, plutôt que l’inverse. Parce qu’avaler des bouteilles de sable à grandes gorgées c’est la sécheresse dans la gorge assurée. Vivre c’est vivre, tout simplement. Ce n’est pas d’attendre dans une salle d’attente en attendant que la vie nous donne de quoi vivre. C’est d’être bien peu importe l’heure qu’il est, puisque rien n’importe plus que l’heure à laquelle on se trouve soi-même.

Et quand mes aiguilles se feront plus lentes, j’aurai envie de me dire que durant toutes ces années, j’étais en vie. Que la survie, bien que parfois inévitable, n’était que de courte durée. Parce que la vie sans la vie, ça ne fait pas de sens. Parce que la vie c’est ici, et maintenant plus que jamais.

Par Mélina Gagnon

Audrey Dumont

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