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Tu veux faire quoi quand tu seras grand?

T’es à peine haut comme trois pommes qu’on te demande : « Tu veux faire quoi quand tu seras grand? » Question légère et sans impact pour toi à ce moment. Tu n’y penses même pas et tu ne fais que répondre avec passion parmi tout ce que t’as vu à la télé ou qui a fait briller tes beaux yeux bleus. « Pompier!… Non, astronaute!!… Euh… cuisinier comme papa, vu qu’il fait toujours bien à manger… NON! PRÉSIDENTE comme maman, pour être chef et parler toute la journée au téléphone! »

Y a pas de limites. Le ciel est à toi. T’as 5 ans. Tu peux faire tout ce que tu veux.

« ET DEMI!! 5 ans et DEMI! » OK désolé, « et demi ». 5 ans et demi. Tu t’assures chaque fois de le rappeler à celui ou celle qui osera ne pas le mentionner.

La maternelle t’attend, mon p’tit. C’est le début de ton parcours scolaire qui te mènera vers le domaine professionnel que t’auras choisi. À ton premier jour, j’essaie de rester fort. Nouvelle étape. Ce n’est plus la garderie. Je pense à rien. J’essaie vraiment, mais en vain. Mon cœur qui bat fort et mes yeux humides me trahiront quand tu m’enverras la main, le sourire aux lèvres, avant de disparaître derrière l’immense porte de ta grande école. T’as hâte. T’es maintenant un grand garçon bien que je ne comprenne pas toujours les bricolages que tu me rapportes. Ils sont très beaux. Y a de ces mensonges qui n’en sont pas tout à fait…

6 ans. Tu commences ta première année. Faut bien continuer à développer ça, ces nouveaux mots-là. T’en auras appris des choses en seulement un an, mais on perçoit dans ton développement que c’est bien plus que ça. Tu changes physiquement. Tu évolues mentalement.

Cette année, ta boîte à lunch n’est plus seule car un sac à dos trop lourd pour toi l’accompagne. C’est en marchant vers l’arrêt qu’on voit venir au loin « la grosse banane jaune et noire », comme tu te plais à le surnommer. Tu t’esclaffes chaque matin en le disant et chaque matin je me force pour rire comme si c’était la première fois. Tu y montes d’un pas assuré sans te retourner. J’avais l’impression que mes yeux de papa venaient tout juste de sécher de l’an dernier que tu les humidifies encore malgré toi. Que le temps passe vite. Le grand garçon est devenu un p’tit homme.

T’écris parfaitement ton nom. Tu reconnais aussi ceux de tes parents quand tu les vois inscrits. Tu ne sais pas encore que tu ne sais rien, mais tu découvriras et assimileras tellement de nouvelles choses qui resteront à jamais dans ton p’tit cerveau constamment en développement. Tu ne les appliqueras pas correctement du premier coup et peut-être pas au dixième non plus, mais tu sauras de plus en plus. Tu apprendras. Les connaissances s’ajouteront une à une avant même que tu saches ce que signifie ce mot.

Y a pas de limites. Le ciel est à toi. T’as 6 ans.

8 ans. T’es pu un bébé. C’est toi-même qui me le dis lorsque je te refuse quelque chose, mais jamais lorsque je dois laisser la porte de ta chambre ouverte au dodo. T’es de plus en plus habile avec tes bras et tes jambes. Pour sauter à pieds joints sur le matelas neuf, malgré l’interdiction, du moins. Pas toujours facile de se lever chaque matin pour l’école. C’est long devoir rester assis tout ce temps sans bouger. Tes dessins n’ont plus l’air d’un essai nucléaire et on peut davantage savoir à quoi ressemblent tes multiples sujets que tu tiens absolument à mettre sur le frigidaire qu’on ne sait plus de quoi il a l’air. Tu forges ton caractère. Y a personne qui va te dire que des champignons c’est bon et que ce n’est pas normal que tu te relèves 5 fois pour aller faire pipi alors que t’avais pas envie au moment d’y aller. Même grand-papa avec sa prostate défectueuse te juge.

Y a pas de limites. Le ciel est à toi. T’as 8 ans. Tu peux faire tout ce que tu veux.

Maintenant 12. T’en entends de plus en plus parler. C’est un autre monde y paraît. « Plus d’autonomie et de liberté », qu’ils disent. Ça te fait un peu peur, le secondaire. Par chance que t’as des copains pour t’accompagner et en discuter. À première vue, c’est rien de concret pour ton avenir. Tu sais que t’as 5 années pour passer à travers toutes ces matières du mieux que tu le pourras même si y’en a certaines que tu ne connais encore même pas. Tu n’as pas le choix de toute façon : passage obligé. Tu vas faire ton possible même si tu ne veux plus être pilote de course, astronaute, cuisinier ou joueur de hockey. En fait, tu n’as pas d’idées, tu ne te trouves pas assez bon pour réussir, c’est difficile, pis étudier c’est plate. Surtout quand tu te demandes à quoi ça peut bien servir de devoir réussir Géo et Histoire et c’est qui au juste ce Pythagore?

Tu te cherches. « Pourquoi moi je ne sais pas ce que je veux faire comme travail? » T’es en pleine remise en question. Les bras trop longs, pas assez beau à ton goût – pis le goût de grand-maman pâmée devant toi chaque fois ne compte pas. Tu les vois, eux, comme ils sont beaux, heureux et bien habillés sur « Instag ». T’as le réseau social compétitif. Pourquoi eux et pourquoi pas moi? Tu dois bûcher davantage pour réussir et parfois tu passeras par la peau des fesses. « Enfin! Je l’ai ce bout d’papier! », que tu te diras bientôt. Mais tu fais quoi avec maintenant? Cégep? École professionnelle? Te trouver un emploi pour les cinquante prochaines années? Ta seule certitude est que t’as 16 ans et aucune idée de ce que tu veux faire. Comment faire pour savoir ce que tu aimeras dans 5 ans? Tu crois que tu n’as pas le droit de te tromper. J’te comprends, mais donne-toi le droit. Trouve-toi une mini passion et développe-la. Informe-toi. T’en as une, c’est sûr. Ton critère numéro un est de savoir si c’est payant? 100 000$ par année sans passion, c’est long, très long. Trouve ce qui te stimule, apprends, progresse, perfectionne-toi et l’argent viendra graduellement.

Tu n’es maintenant plus haut comme trois pommes. T’es même rendu un beau et grand jeune homme. Le plus beau. J’aimerais tellement savoir pour toi ce qui te fait vibrer au point d’en faire une carrière du premier coup et sans te tromper. Malheureusement, je ne peux que te proposer et te faire découvrir des avenues selon ce que je connais de toi, le toi jusqu’à présent, jusqu’à maintenant. Tu évolueras, tu changeras. Tes goûts et intérêts aussi. Tu croiras fermement mille fois que t’as fait le bon choix. Tu te remettras en question autant de fois en croyant que tu vas assurément te tromper. T’auras du succès, t’auras des échecs. Le secondaire se termine bientôt et sache que t’es normal de ne pas savoir qui tu es et qui tu seras.

Laisse-moi te dire une chose. Un jour pas si lointain, je te rappelle que tu ne pouvais pas te lever debout sans tomber ni avancer sans t’égratigner. Tu ne te souviens pas de ce moment maintenant, du haut de tes six pieds deux pouces, mais un jour, tu ne pouvais pas grimper seul sur le divan. Eh non. Je le voyais bien pourtant, à deux pas de toi, que tu y étais presque. Il en manquait tellement peu. Je t’observais et je forçais même avec toi quelques fois, même tout l’temps. Bon Dieu que tu voulais, mais t’en étais incapable. Tes p’tites mains tremblaient et s’agrippaient. Tes p’tits pieds ne touchaient plus au sol. Ça y était!… Et puis boum… tu retombais sans y arriver. Je t’avoue que parfois je te soulevais pour t’y faire monter. La certitude est que t’étais content, mais ce n’était pas satisfaisant. Le but était atteint, mais la façon était décevante. Puis, le lendemain, tu réessayais à nouveau. Ce ne sera pas encore pour aujourd’hui. Tu n’avais pas 1 an que tu m’enseignais une leçon de courage et de persévérance. Tu n’allais pas abandonner comme ça. Tu ne savais pas, mais fallait laisser le temps et la force agir. Fallait user de ta volonté à essayer, le faire, tomber, rager, te frustrer, arrêter, analyser, recommencer.

Puis tu y es arrivé.

Fallait se servir de ce qui te caractérisait à ce moment précis. Ta gourmandise. T’as trouvé une force en toi pour atteindre le morceau de fromage que j’avais déposé bien au fond du divan ce matin-là. Tu l’as vu, tu voulais l’atteindre, t’as trouvé la force, le petit effort de plus qui te manquait.

15 ans se sont écoulés depuis et c’est encore ce que je peux te souhaiter de mieux. C’est là-dedans que je veux t’accompagner, toi qui te cherches, qui te questionnes, tentes de savoir qui il est et ce qu’il veut. J’te comprends et te rassure, ce n’est pas facile, mais t’as aussi le droit de changer d’idée au fil des années tu sais? Mais d’ici là, use de cette volonté que tu as en toi à essayer, le faire, tomber, rager, te frustrer, arrêter, analyser, recommencer. Puis viendra ce moment magique qui fera que le brouillard se dissipera et que tout s’éclaircira. Tu apercevras cette passion qui te mènera vers ton but, vers un plus haut sommet. J’ai confiance qu’un jour, tu la trouveras ta voie, que tu t’arrêteras et que tu te diras « C’est ce que je voulais faire maintenant que je suis grand. » Y a pas de limites. Le ciel est à toi. T’as 16 ans. Tu peux faire tout ce que tu veux. Suffit que de trouver à nouveau ton morceau de fromage…

Source photo de couverture: Unsplash

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