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Une carrière, pour quoi faire?

Mi-vingtaine, le diplôme presque au bout des doigts, les fins de session enfin derrière soi et le monde, le vrai, qui s’ouvre devant soi. Le chemin est tracé, il n’y a plus qu’à le suivre : curriculum vitae, entrevues, poste de carrière. Et la suite l’est tout autant : travail à temps plein avec overtime (on est jeune, on peut se le permettre), la voiture, le condo transitoire, la maison, les bébés…

Pour certains – et il n’y a rien de mauvais à ce niveau – voir leur avenir cartographié ainsi représente un soulagement, une bénédiction, un remède à l’angoisse qui surgirait immédiatement si l’itinéraire vers le futur venait à s’effacer. La liberté est aussi envoûtante qu’angoissante et, pour plusieurs, la liberté ne s’éprouve que lorsque l’horaire du lendemain est bien établi.

Et pour d’autres, et je me rends compte que je suis possiblement de ceux-ci, l’idée de voir les 30, 40 prochaines années se dessiner selon les choix qu’ils sont sur le point de faire à la sortie des études les répugne. Évidemment, cela ne veut pas dire qu’ils ne veulent pas se commettre ou qu’ils sont incapables de s’engager. Mais il y a engagement et engagement.

Par exemple, j’envisage –  ou j’envisageais – d’enseigner la littérature au cégep. J’ai eu mes premières expériences de prof et ce fut génial. Mais voilà, décrocher un poste signifie aussi devoir s’accommoder de lourdes responsabilités. Travailler à temps plein tout le temps, être stressé en permanence, être constamment à la course, excepté les semaines de vacances et les congés des fêtes. En fait, c’est toute la vie qui s’organise autour de notre travail, en général. L’endroit où l’on vivra, notre horaire, les heures plus précieuses de nos journées; tout est souvent dicté par le boulot. Et les années, celles parmi les meilleures, qui se succéderont, qui feront de notre travail quotidien une carrière… c’est lourd un peu, non?

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Merde, et les voyages dans tout ça? Et la possibilité de faire de sa vie exactement ce que l’on veut, là, dans l’immédiat? Et les milliers de grands projets personnels (écrire, coudre, lire, peindre, voyager) qu’il faudra sacrifier? Et ce sentiment si euphorique de se dire que rien ne peut nous arrêter, que toutes les directions sont possibles? N’y a-t-il pas le risque de se réveiller à 40 ans et d’être blasé de sa vie, d’être tanné de voir les opportunités filer avec les années, mais d’être prisonnier de sa carrière en raison de son hypothèque, des paiements pour la voiture, le chalet, les meubles… ? Je n’ai pas envie, et je ne suis pas le seul, d’organiser ma vie autour du travail, d’être dépendant d’un poste en particulier et des revenus qui vont avec.

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« Eh bien, pas de problème, lance-toi et trace-toi un chemin insolite fait de bifurcations, d’imprévus, d’horizons hétérogènes! »

« Oh, mais tu veux une famille!? Il te faut une maison! »

Vraiment?

« Une voiture, voire 2! »

Vraiment?

« De l’argent, c’est dispendieux des enfants! »

Vraiment?

Bien sûr que j’ai envie d’une famille, mais devrais-je tout sacrifier et tout orienter en fonction de la vie familiale typique? Qui a dit qu’un enfant DOIT grandir dans une maison? Qui a dit qu’il FAUT minimum 60 000 $ de salaire à 2 pour élever une famille. C’est drôle, j’ai toujours pensé que les enfants avaient besoin de temps, d’encouragement, d’encadrement. Et aux dernières nouvelles, ça coûte pas trop cher, ça! Peut-être qu’il FAUDRAIT redéfinir l’image d’une vie épanouissante, ou plutôt accepter la diversité de celles-ci. Le minimalisme, pourquoi pas le transporter jusque dans une vie familiale? Pourquoi ne pas orienter sa vie autour des expériences pertinentes à vivre plutôt que sur l’avoir (maison, voiture, chalet)?

Mais le plus grand défi, le voilà : affronter les regards, les jugements, l’incompréhension des gens qu’on aime mais qui ont choisi une vie plus standard. Vivre de manière atypique, et je ne parle pas seulement de s’habiller différemment, dérange. Mais d’être jugé, incompris, marginaliser, mépriser aussi dérange.

Entre liberté et ambition, tout un éventail est possible. Il faut explorer!

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