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Une vingtaine pas assumée

Quand tu réalises que tu ne t’habilles plus dans le Twik, mais que tu ne trouves rien dans la Contemporaine. Quand tu réalises que t’es dans un entre-deux bizarre. Tu regardes les annonces d’appartements toutes les semaines, mais tu n’as même pas de batterie de cuisine.

Quand t’as une vingtaine pas assumée, mais que tu veux juste ravoir seize ans.  L’angoisse d’avoir la vie devant toi, mais de ne pas encore avoir choisi de direction.

Tu le sais qu’il y a quelque chose qui cloche quand t’attends le remboursement d’impôts impatiemment pour le dépenser en vêtements et en alcool. C’est le genre de choses qu’un adolescent ferait, mais, toi, tu trouves ça encore logique.

Toi, ce que tu veux vraiment, c’est vivre au jour le jour, sauf que la vie, ce n’est pas exactement ça et tu t’en rends compte. La vie, c’est des factures d’Hydro et des paiements d’auto. C’est de ne pas oublier de garder un petit fond pour payer ton loyer. Il faut travailler pour faire tout ça, faut se dégourdir et cesser d’écouter Netflix compulsivement.

On t’a sûrement dit que la vingtaine serait la plus belle période de ta vie (et la trentaine aussi, rendu là), sauf que toi tu ne t’imagines même pas avoir 30 ans.

Tu te regardes dans le miroir et tu penses que le reflet est inébranlable. Sauf qu’un jour tu devras vieillir, pis ça te fait peur.

Tu veux foutre le camp à l’autre bout du monde, comme pour échapper au temps qui passe. Tu veux des émotions fortes, te torturer comme une adolescente amoureuse. Tu veux être libre pour vrai, parce que tu n’auras rien qui t’attend. Pas de factures ni de travail sérieux. Pas de voisins hypocrites ni de chien. C’est niaiseux, mais j’ai toujours trouvé qu’un chien, c’était pour les grandes personnes.

Tu ne comprends pas les gens qui utilisent la fin de semaine pour se reposer. Toi, tu vis pour les fins de semaines. Pour mettre tes beaux habits et vivre de nuit.

Tu n’es pas prête à laisser tout ça derrière toi, parce que t’adores être insouciante.

Avoir l’impression que tout le monde t’observe pour savoir si tu deviens quelque chose… Prêts à t’attraper si tu te pètes la gueule. Parce que tu n’es pas encore grande, mais tu es loin d’être petite. T’es un juste milieu injuste pour eux, parce que tu peux encore faire n’importe quoi.

Tu peux t’acheter tous les billets d’avion du monde sur une marge de crédit déjà trop lourde, sans trop y penser. Tu peux étudier encore longtemps, jusqu’à ce que tu trouves ce qui te plaît. Et tu devrais le faire. Tu peux choisir d’être heureuse.

Avoir l’impression que les gens tirent sur ta valise pour que tu la déposes. Pour que tu te déposes. Mais ta valise, tu la déposeras plus tard, éventuellement. Quand tu vas vouloir un chien et tout ce qui vient avec.

Je trouve ça stressant de ne plus avoir seize ans. La maturité ne vient clairement pas avec l’âge. Elle vient sur le tard avec les grosses décisions et les responsabilités. Je suis capable de m’imaginer dans une cuisine, la lumière du jour éclairant le potage que je concocte. Je m’imagine lire dans mon propre salon, avec mon café ou ma coupe de vin. Sauf que j’ai l’impression d’être à des années-lumière de ça.

Mais ta valise, tu la déposeras plus tard, éventuellement. Quand le temps ne sera plus un chronomètre. Quand ton âge ne sera plus qu’un nombre parmi tant.

Par Florence Vézina

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