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Il me semble qu’encore hier, le monde paraissait plus grand de possibilités. Il me semble que ma vie m’apparaissait plus grande lorsque je pouvais encore faire des projets et les anticiper. C’est peut-être l’impression d’une vie sur pause ou l’impossibilité de pouvoir prévoir une soirée entre ami.es au restaurant ou bien dans un autre pays tout simplement, mais je m’ennuie d’avoir hâte.
Je me récompense souvent du plus petit effort au plus grand. J’ai l’habitude de me prévoir assez d’événements pour que le sentiment d’énervement qui vient avec l’empressement ne s’estompe jamais. Il y a une motivation qui vient à se prévoir des soirées, des week-ends et je dirais encore plus des voyages.
Il me semble tout à fait étrange de ne plus pouvoir prévoir quoi que ce soit. Comme si on perdait un peu du carburant qui nous faisait avancer.
Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, le vendredi était un moment attendu. Il y avait une sorte d’impatience presque excitante à terminer sa semaine pour se rendre à son 4 à 7 ou décider sur un coup de tête de passer sa soirée au cinéma.
Étrangement, l’essence d’avoir hâte a perdu un peu de son sens. Comme si tout semblait tellement loin qu’on ne prend plus la peine de s’animer. Comme si tout s’avérait figé dans le temps.
Cependant, n’y a-t-il rien de mieux que d’avoir hâte ?
Peut-être avons-nous l’habitude d’oublier le moment présent lorsqu’on s’imagine déjà ailleurs, déjà plus loin ?
Pourtant, la magie d’avoir hâte, c’est de se projeter dans un univers bien à nous jusqu’à en déborder un peu. C’est se raconter des histoires pour motiver le reste. C’est mal dormir la nuit avant un grand voyage. C’est les chatouilles dans le ventre avant de rencontrer la bonne personne. C’est s’imaginer toute une vie future sans laisser la douleur venir la ternir. C’est des projets plus grands que nature qui enveloppent doucement les insécurités du quotidien.
Avoir hâte, c’est se permettre de rêver malgré ce qu’on ne peut contrôler.