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décroissance

Samedi ensoleillé d’avril.

Les écureuils s’en donnent à cœur joie sur les trottoirs vides de Limoilou. Les grands arbres de la 11e rue se délectent des premiers rayons de soleil un peu chauds sous les regards envieux des confinés.

Derrière les barreaux rouillés de mon balcon, je contemple la nature qui se réapproprie le printemps.

Je souris. Elle a raison, la nature. Malicieuse, elle me nargue pendant que j’essaie de dealer avec mes prises de conscience. Nous l’avons bien méritée, cette punition.

Ce n’est pas les avertissements qui manquaient. La planète, bien avant la pandémie, a brandi plusieurs red flags. Malgré tout, on s’est foutu de sa gueule. Quand on y pense, c’était bien prétentieux de s’imaginer pouvoir la dominer.

Elle nous le rappelle d’une belle façon. Il suffit d’un micro-organisme pour nous faire tomber par milliers. Comment avons-nous pu nous croire si bons, si puissants ? On s’est comporté comme des seigneurs alors que nous ne sommes que des invités.

Le message ne peut être plus clair. La Terre est fatiguée de nous endurer. Elle a épuisé sa patience et sa tolérance. Elle nous montre, sans équivoque, qu’elle n’a pas besoin de nous.

Anxieux, nous sommes maintenant des milliards en isolement, en attente de son pardon.

L’après-pandémie sera un moment décisif. Il faudra nous ranger du côté de la Terre, sans quoi nous courrons à notre perte — la sixième extinction de masse, selon plusieurs scientifiques, est déjà entamée et elle concerne l’homme, soit dit en passant.

La croissance économique a prouvé ses limites à plusieurs reprises. Actuellement, on consomme trop. Plus on consomme, plus on produit. Plus on produit, plus on consomme. Et la planète s’épuise. Depuis longtemps déjà, nous produisons davantage que ce que la Terre peut fournir en ressources naturelles. Continuer sur une telle lancée n’est rien d’autre qu’un suicide collectif.

Il appartient donc à chacun de nous d’entamer la décroissance.

Heureusement, nous sommes nombreux à remettre en question nos priorités en cette période de confinement.

L’un des aspects les plus importants de cette remise en question est d’abord de revoir sa façon de consommer. En limitant nos sorties à l’extérieur aux besoins essentiels, nous réalisons à quel point nous devons utiliser ce que nous avons déjà, autant que possible. Sans compter qu’avec les pertes de revenus que plusieurs ont subies, le temps n’est pas aux dépenses futiles !

La réalité nous rappelle brutalement que nous n’avons pas besoin d’autant de possessions. Que nous devons développer le réflexe de donner, de réutiliser, de réparer ce que l’on possède plutôt que de jeter et racheter continuellement. Que nous avons tout intérêt à nous tourner vers l’autosuffisance plutôt que de dépendre entièrement des autres.

Depuis le début de la crise, on nous martèle l’importance de consommer local. Or, cela est vrai même lorsque nous ne sommes pas en situation de pandémie. Que ce soit pour l’alimentation, les vêtements ou tous les autres produits que nous consommons, on se doit de favoriser la production locale, ce qui permettra entre autres de diminuer la pollution liée aux transports des marchandises et d’entraver l’exploitation des travailleurs dans les pays en voie de développement.

En ce qui me concerne, je réalise aussi à quel point il est absurde de travailler quarante heures par semaine. En revoyant ma façon de consommer, je vois bien que travailler autant n’est pas nécessaire et que c’est surtout néfaste pour ma santé mentale et physique. Insidieusement, l’épuisement se taillait une place de choix dans mon quotidien. Or, en ralentissant, je retrouve l’énergie de cuisiner, de lire, d’écrire, d’avoir des projets.

Je ne suis pas la seule. Dans de nombreux foyers partout dans le monde, on réapprend à vivre plus lentement. On profite de ce moment d’arrêt pour se reconnecter à l’essentiel pendant que les gouvernements réalisent que toutes les nations dépendent maintenant des mêmes corps de métier, dont plusieurs sont largement sous-financés.

Bien avant la pandémie, on était déjà plutôt mal en point. En plus d’être submergés par l’anxiété liée au travail et à la productivité, on s’étouffait lentement dans notre pollution omniprésente.

À bien y penser, ce virus sauvera aussi beaucoup de vies.

On réalise désormais qu’elles ne tiennent qu’à un fil. Qu’il n’y a aucune garantie, que rien n’est acquis. Plus que jamais, nous sommes en mesure de voir les répercussions de nos comportements sur notre avenir. Si chacun consacre la même rigueur à l’effort de décroissance qu’il en consacre actuellement aux mesures de confinement, nous donnerons à nos enfants une vie digne de ce nom, un monde qui leur permettra de vivre chaque printemps loin du balcon.

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