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Entrevue avec une végane endurcie

En 2015, l’étiquette « vegan » est plus populaire que jamais: du sandwich végé, au shampooing vegan, en passant par la fausse viande et le cuir en faux cuir. Se passer de l’apport animalier n’a jamais été aussi trendy. Derrière l’ascension de la p’tite salade aux pois chiches se cachent de nombreux motifs. Alors que certains le font par amour pour les animaux, d’autres le font pour avoir une meilleure santé, pour réduire leur empreinte écologique ou, tout simplement, pour suivre la masse. Toutefois, encore faut-il être intègre et fidèle à ses idéaux. Je dis donc, être végétarien ne s’arrête généralement pas à une diète exclusivement composée de luzerne et de soya. Cesser de consommer des produits animaliers est un virage drastique, mais surtout complexe.

Je me suis donc tournée vers Erika, une végétarienne endurcie et engagée, afin de démystifier le végétarisme. Erika est étudiante en Géographie, tout comme moi. L’environnement et la cause animale figurent parmi les nombreuses causes qui lui tiennent à cœur, sans mentionner la politique et le féminisme. Il s’agit d’une jeune femme intègre qui n’a pas peur de se tenir debout et de défendre ses idéaux.

Alex : À quel moment es-tu devenue végétarienne et qu’est-ce que ça signifiait alors pour toi?

Erika : Pour répondre à la première question, je te dirais que le mode de vie végétarien me fascinait déjà quand j’avais 14-15 ans. Je trouvais ça intéressant, parce que c’était différent et une façon de penser différente. Ensuite, mes cousines sont devenues végétariennes et ça m’a paru alors beaucoup plus accessible. Pour moi, être végétarienne, c’était d’abord pour une question environnementale. Du haut de mes 18 ans, d’un point de vue plus personnel, ça représentait une forme de choix, de prise de position. À force de lire de la documentation, le sort des animaux et les conditions dans lesquelles ils étaient élevés, sont devenus une autre de mes considérations. La répartition aussi plus égalitaire des ressources alimentaires est aussi une de mes motivations. Finalement, le besoin en haut pour la production animale est beaucoup plus élevé que pour la production végétale et c’est pour moi aussi très important. Je suis végétalienne depuis quelques mois seulement et, au cours des 3 dernières années, ma façon de voir les choses a évoluée et je crois désormais que les animaux ne sont pas sur Terre pour répondre à nos besoins alimentaires et vestimentaires.

Alex : De façon générale, outre la viande, quels sont les produits que tu ne consommes plus, sur une base alimentaire bien sûr, mais également les produits que tu utilises dans la vie de tous les jours (les vêtements et les cosmétiques par exemple)?

Erika : En ce qui a trait aux produits que je ne consomme pas, la liste est longue (haha): je ne mange aucune viande rouge, pas de volaille, pas de poisson, pas d’œuf, aucun produit laitier, pas de miel, pas de fromage, pas de gélatine. Ensuite, ça s’étend plus loin: je ne mange pas de produits qui contiennent du lait, des œufs ou du beurre (le chocolat par exemple). Aussi, je n’utilise pas de produits (shampooing, savon, maquillage) qui en contiennent. Je n’achète pas de produits de laine, ni de fourrure, ni de cuir, ni de plume ou de duvet, puisqu’ils sont prélevés sur des animaux qui sont à la base utilisés pour la viande.

Ne pas consommer de produits à base de laine, de soie, de plume, de duvet ou de cuir est parfois problématique, parce que les fibres naturelles sont souvent plus durables (par exemple, le cuir est beaucoup plus résistant que le faux cuir). De plus, les plumes sont 100 % compostables versus le polyster fait à base de pétrole qui n’est pas compostable. Ceci entraîne d’autres dilemmes d’un point de vue écologique qui sont parfois difficiles à résoudre.

Alex : En tant que végétarienne ET étudiante, où fais-tu ton épicerie et tes courses? De quelle façon concilies-tu ton budget et ton régime alimentaire?

Erika : Je fais mon épicerie dans une épicerie normale, parce que mon alimentation est à base de produits comme des lentilles, des fèves, des noix, des fruits et des légumes qu’on retrouve dans les épiceries régulières. Je veille à acheter des produits locaux le plus possible et à toujours acheter du tofu biologique. Chaque achat est, pour moi, une prise de position face à l’industrie alimentaire. J’évite donc aussi d’acheter des produits transformés. Je ne fais cependant pas mon hummus, mon végépâté et mon lait d’amandes moi-même par manque de temps.

Idéalement, dans une optique de zéro déchet (As-tu lu le livre de Béa Jonhson à ce sujet? Tu capoterais!), je ferais mon épicerie dans un magasin en vrac afin de limiter les emballages au maximum.

Aussi, comme je suis étudiante et que j’ai un budget à respecter, je reste à l’affût des spéciaux et je n’achète pas toujours bio, mais j’essaie de le faire le plus possible.

Alex : Quels sont tes restos végé fétiches?

Erika : Je ne connais pas beaucoup de restos végétariens/véganes à Québec. Les burgers végés de Chez Victor sont cependant un must qui me permet de sortir avec mes amis omnivores! À Montréal, les restos Aux Vivres et La Panthère Verte sont mes deux prefs.

Alex : Même si la culture végétarienne est de plus en plus populaire, de quelle façon perçois-tu le regard des autres face à ton régime alimentaire/tes principes?

Erika : Pour ce qui est du regard des autres, ça varie beaucoup. En général, les gens ont des opinions différentes. Certains comprennent, d’autres non. Ça fait des discussions intéressantes! J’adore en parler et discuter de ma vision personnelle face à ce mode de vie qui peut parfois sembler radical.

Je suis ouverte d’esprit et je ne crois pas que j’aie la science infuse. Le végétalisme me faisait peur au début aussi et, graduellement, ça m’a paru plus accessible. Une fois que tu es dedans, ça se fait tout seul. Je suis chanceuse d’avoir un entourage très compréhensif et de ne pas être la seule là-dedans, puisque ma soeur et mes cousines sont aussi végétaliennes ou végétariennes.

Personnellement, si je peux ajouter une dernière chose, être végétarienne et, maintenant, végétalienne m’a aidé à m’affirmer en général dans la vie. J’ai beaucoup plus de facilité à m’exprimer et à faire valoir mes opinions dans des situations au quotidien, dans les travaux d’équipe par exemple. C’est important pour moi de respecter mes convictions et, ce, même si les gens ne sont pas toujours d’accord et n’en voient pas l’importance.

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