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Quelque part dans les dernières années, je ne saurais dire quand exactement, j’ai arrêté de me sentir à l’aise dans cette routine sociétale qui se résume à courir entre le métro-boulot-dodo. J’ai cessé de me satisfaire des conditions « normales » et soi-disant « confortables » du mode de vie occidental, à mon sens quelque peu platonique et égocentrique. Et j’ai commencé à me confronter à la vie, à rechercher davantage à vivre simplement. Alors, j’ai enfilé mon sac à dos et je suis partie visiter d’autres contrées.

J’ai fini par quitter ces pays de l’Occident pour me rapprocher petit à petit de l’Orient, des pays plus « dépaysants ». Et j’y ai vu une société un peu moins programmée, un peu plus humanisée. Entre les vieux édifices abimés par la guerre, des enfants jouent dans les rues, des parents discutent. Certains soirs de semaine sont consacrés à des activités communautaires où les produits des artisans sont mis en valeur. Les soins pour la peau, les breuvages et la nourriture proviennent tous de la région. La ville (oui, j’ai bien dit le mot « ville ») entière prend le temps de se réunir, d’échanger, d’encourager l’économie locale et l’environnement. Il n’y a pas de bouchons de circulation, pas d’yeux rivés sur les écrans de cellulaire et pas non plus de pas pressés d’aller nulle part. Et j’y ai vu des gens, vides de jugement, qui pratiquent le vivre-ensemble réellement. Rien que des gens qui savourent le moment présent.

Ces images m’ont confrontée à la vie. Mais pas n’importe laquelle; la vraie vie, celle qui a un sens, qui me donne envie de me lever le matin, qui me pousse à vouloir apprendre, à ressentir les choses profondément et à m’épanouir. Cet état d’esprit, particulièrement fort en voyage, n’a pas toujours été facile à ramener dans la routine quotidienne. Mais avec un peu de volonté et d’efforts, je crois avoir réussi à briser ma zone de confort ici aussi. Que ce soit en marchant en direction du bureau, en offrant mon siège à une dame dans le métro, en prenant le temps de discuter avec mes clients ou en chantant à tue-tête quelque part coincée dans la circulation montréalaise, j’ai appris à savourer ces petits instants, comme je l’avais fait à l’étranger.

Se balader dans une nouvelle ville, en voyage, c’est amusant, eh bien pourquoi ne pas aller me promener aléatoirement, ici, dans mes quartiers? Pourquoi ne pas revisiter mon propre patelin, pour le redécouvrir sous un autre angle? Être coincé dans le trafic en vacances, ça ne dérange pourtant personne. Alors pourquoi, au quotidien, je ne prendrais pas ce délai comme un moment avec moi-même? Aller vers les étrangers pour discuter, c’est chose quotidienne dans la vie d’un voyageur. C’est même très facile et assez tentant. Mais qui, ici, offre un sourire à un inconnu croisé dans la rue? Qui prend le temps de s’arrêter pour demander à une dame, qui semble un peu perdue, si elle a besoin d’aide? Pourquoi un café dégusté sur une terrasse ailleurs dans le monde, semble-t-il avoir meilleur goût que celui avalé en trois gorgées avant d’aller travailler? Simplement, parce qu’on ne prend pas le temps de le savourer pleinement.

Et c’est ainsi que, tranquillement, j’ai banalement transposé ma mentalité de vivre simplement dans mon quotidien. C’est ainsi que j’ai réappris à m’émerveiller en entendant les oiseaux gazouiller, en sentant la chaleur du soleil sur ma peau et le vent dans mes cheveux. J’ai réappris à soutenir le regard des gens que je croise dans la rue pour leur offrir un sourire. Je me suis remise à rire en écho à un enfant qui s’esclaffe et à discuter avec une inconnue dans le métro parce qu’après tout, elle partage bien quelques minutes de ma vie. Et après toutes ces aventures, ce qui m’a le plus marquée, c’est que plus on goûte à l’émerveillement, plus on a envie de changer, de se réinventer, et plus on est capable d’y arriver.

En quelque sorte, j’ai l’impression que c’est ce que cette crise essaie de nous inculquer : l’essentiel. Réapprendre à vivre ensemble en tant que collectivité, s’entraider et se supporter au-delà des différences. Parce que cette pandémie demande à tout un chacun de sortir de sa zone de confort et de s’arrêter. Un peu inconsciemment, malgré nous, nous sommes tous forcés de réapprendre à apprécier l’instant présent, à vivre dans la conscience et l’humanité.

Signé : Mielle

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