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J’ai préféré regarder mon cell

J’ai eu peur de tomber en amour, parce que je me suis fait dire qu’on se faisait mal en tombant.

J’ai eu peur de plonger mon regard dans le tien et de tomber follement amoureuse. J’ai eu peur de t’aimer plus que je ne m’aimais. J’ai eu peur. Pis j’ai préféré regarder mon cell.

Ça m’a paru l’option facile d’éviter les situations qui me rendaient mal à l’aise. Mon cell entre les mains, c’est ma façon d’imposer une fenêtre embrouillée entre toi et moi. Tu sais que je suis là, mais tu n’arriveras jamais à me voir complètement à 100 %.

Je me souviens de ce moment quand on a commencé à se voir un peu plus sérieusement, alors qu’on s’était promis de ne pas se laisser s’emporter par tous ces sentiments. J’ai voulu m’enfuir tout en étant devant toi, j’ai préféré regarder mon cell plutôt que tes yeux où je découvrais un tout nouveau monde.

Je me souviens ces fois où j’avais peur d’avoir l’air inintéressante auprès de tes amis, peur de prendre la parole et d’être le dindon de la farce. Je voulais avoir l’air bien occupée, d’être en demande et de devoir répondre à une dizaine de messages. Je voulais avoir l’air trop occupée pour participer à une conversation dans le monde réel.

Je me souviens de toutes ces fois où je me suis mise à rencontrer par l’entremise de Tinder. Dans le monde virtuel, nos conversations étaient intéressantes, on avait pratiquement l’air du perfect match. Puis, on a décidé de se voir. Pour toi comme pour moi, c’était un « non » assuré, mais on a l’obligation sociale de rester jusqu’à la toute fin du repas : face à face, sur nos cells, en évitant à tout prix que nos regards se croisent, éviter ce malaise déjà assez pénible.

Je me souviens quand on est allées au restaurant entre copines, toi tu textais ton copain et moi je défilais mon newsfeed. Entre deux textos ou encore deux vidéos, on discutait, sans trop s’écouter, la tête un peu trop éparpillée dans nos réalités distinctes.

J’étais dans l’autobus, j’ai levé la tête et j’ai regardé autour de moi. J’ai vu des couples côte à côte se noyer dans leurs cellulaires, des amis rire à des blagues que leur racontait leur téléphone, chacun pour soi. J’ai regardé autour de moi, sur 180 degrés, tous sans exception entretenaient une relation étroite avec leur téléphone. Tous dans leur bulle, chacun pour soi.

Le lendemain, j’ai volontairement oublié mon téléphone sur la table de chevet. Le lendemain, j’ai passé la journée la tête haute, à regarder une autre réalité, celle qui se trouvait juste devant moi.

Source photo de couverture

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