Dans le cadre de mon travail, je fais une formation qui est sensée nous aider à mieux communiquer au sein d’une équipe de travail, mais aussi en général dans la vie. On se réunit environ une fois par semaine en grosse gang, on apprend à ne pas se bitcher et on règle quelques crottes qu’on a su’l’coeur en ce qui concerne le travail.
On a un peu appris à reconnaître notre manière d’agir et à communiquer à l’aide du miroir qu’est la réflexion. À l’aide d’un manuel, on a eu à identifier les personnalités présentes en plus ou moins grande quantité qui guident nos actions et notre manière de fonctionner ainsi que les attitudes qui, à nos yeux, manquent grandement dans notre vie. J’ai passé beaucoup trop de temps à feuilleter les pages comme si la solution à tous mes problèmes allait se trouver collée entre deux pages. J’avais bien hâte de partager avec le formateur ce que j’avais découvert et j’avais surtout hâte d’entendre ce que lui, oeil externe-et-superficiel-qui-me-connait-pas-pentoute, avait pu remarquer seulement en me regardant.
Dans la vie, j’ai pas rien qu’un problème, c’est le lâcher prise. Pis j’le sais, j’le sais en maudit ! Je ne suis pas une control freak de mon entourage et des gens que j’aime, mais je suis mon pire juge à moi. Je suis la première à te pardonner pis si tu me demandes de te donner une autre chance, je vais te dire « combien t’en veux ? », mais demande-moi pas à combien d’erreur moi j’ai le droit, car la réponse sera toujours « une de moins ». Je ne sais pas si on en est toujours conscients quand on a ce problème-là, mais moi je suis au courant, j’me vois aller ! J’ai beau me dire que ce n’est pas grave de faire des erreurs, qu’il faut oser et échouer, mais comme ben des affaires, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Je me lève chaque matin en me demandant pourquoi c’est difficile pour moi de lâcher prise, puis je continue mon chemin sans changer quoi que ce soit…
Je fais de l’accumulation compulsive, du hoarding, mais dans ma tête. Je suis incapable de me départir de la moindre pensée, même si pour quelqu’un d’autre, ça pourrait sembler inutile de la garder, puis ma tête finit par être trop encombrée et ça limite mes mouvements. Tout comme les objets, les pensées et les envies sont là pour être utilisées et ensuite jetées, afin que ne garder que le nécessaire.
C’est pour ça que l’observation faite par le coach quant à ce que j’ai à travailler, ben elle ne m’a pas surprise du tout. Moi, je lui disais que ce que je devais améliorer, c’est ma spontanéité, ma capacité à prendre la vie un peu plus à la légère, ma « fille de party » ensevelie quelque part au fond de moi. Lui, il m’a parlé d’un autre aspect de ma personne qui était celui qui m’empêche de prendre la vie un peu moins au sérieux ; celui qui veut contrôler les résultats, qui me demande autant de rigueur…
Dis-moi Dominique, aurais-tu pas de la misère à lâcher prise dans la vie?
J’en ai même eu le moton, on avait mis le doigt sur le bobo comme si on m’avait mis le doigt dans l’œil. Évidemment que j’avais raison de vouloir améliorer ma spontanéité, mais ce qui est à travailler, c’est ce qui m’empêche de le faire ! J’ai beau vouloir prendre la vie comme si elle était une joke, pour moi, y’a rien de plus sérieux !
C’est sûr, j’ai déjà été un peu moins réfléchie et évidemment, je l’ai regretté. Et je sais que ce n’est pas parce que dans la vie on a eu des expériences négatives qu’elles le seront toutes. On n’arrête pas de manger parce qu’on a eu une intoxication alimentaire, on change seulement de restaurant. Si je sais tout ça, pourquoi j’en suis encore à l’étape du questionnement ?
J’ai tellement peur de faire des erreurs, tellement peur de me tromper. J’ai peur de prendre la mauvaise décision, j’ai peur de regretter. Faut je sois en contrôle de moi-même car, avouons-le, ce n’est pas mal la seule chose dans la vie sur laquelle on a le contrôle, et même encore là ! J’ai peur de me tromper dans la vie et pourtant, ça ne m’empêche pas de le faire. Je suis une vraie douanière de la prise de la décision, je vais me poser toutes les questions inimaginables, le détecteur de métal, la fouille à nue, le gant bleu, toute, et pourtant, ça n’empêche pas une mauvaise idée de traverser la frontière entre ma tête et les actions de temps en temps, alors aussi bien l’accepter.
Je sais que je ne suis pas seule là-dedans, et ça serait peut-être le temps qu’on fasse de quoi, parce que même si je reconnais mon problème, je ne peux pas dire que j’ai approfondi la recherche sur les moyens de changer ça ; tout comme toi, qui se reconnaît peut-être dans mon texte.
Pis anyway, le fait de ne pas s’autoriser d’erreur ne serait-il pas une erreur en soi?