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Le Drag derrière la Queen – Par Marilyn Dubé

Souvent blâmées pour leurs exubérances et leurs caractères paradoxaux, les drag-queens ont régulièrement été considérées comme « non représentatives » de la communauté gay (LGBT au sens large). Pourquoi? Parce qu’un homosexuel aime les hommes, alors on se demande pourquoi il se déguise en femme, s’il désire attirer des hommes qui aiment les hommes? En fait, la réponse est dans la question :

« Il se déguise ».

En effet, ce n’est qu’un costume. La drag vit de nuit, mais la queen, elle, est omniprésente en lui. Il est un homme, et s’aime ainsi. Il n’est pas transgenre, il ne fait qu’afficher sa féminité. Avant tout, précisons que la drag-queen est une création, une oeuvre souvent bâtie depuis l’enfance, pensée et aboutie.

Souvent, dans sa vie réelle, l’homme qui se cache derrière la drag n’est pas absolument hyper féminisé. Nonobstant le fait qu’il aborde sa féminité d’une manière beaucoup plus assumée et affichée que la plupart des hommes, il en reste que lorsqu’il se costume, il le fait au nom de l’art, de la mode ou simplement pour jouer un rôle et exagérer ses traits de personnalité.

J’ai eu l’occasion d’avoir un entretien avec deux drag-queens et de faire un petit shooting. D’abord, avec Ms Boum Boum (Henri), qui travaille présentement au Drague, bar gay qui offre aussi des spectacles de ce genre à Québec. Et ensuite avec mon coloc, Louis-Charles (Qwani$ha), qui s’amuse à se costumer et à jouer la femme fatale une fois de temps à autre, et qui songe à sauter sur scène. L’un nous parle du comment, l’autre du pourquoi.

Pour Ms Boum Boum, le monde du spectacle a toujours été un rêve absolu. Plus jeune, il voulait être danseur, mais il s’est vite rendu compte qu’être drag c’est vraiment le total package : la mode, les performances et la création. Il a alors commencé à faire des chorégraphies chez lui, dès l’âge de 12-13 ans, et ensuite, tout s’est fait progressivement. Il a ajouté du lipsync, il se déguisait, et même que son père le filmait! C’est alors qu’à l’âge de 18 ans, il a participé à une soirée pour la relève au Drague et a eu la chance de rencontrer «  sa mère ». Une « mère », dans le monde des drags, c’est un terme qu’on utilise pour un mentor. En effet, c’est un monde où la compétition est plus féroce qu’on peut le croire, et sans « mère », c’est impossible de l’intégrer.

C’est sous ses ailes qu’il a appris l’envers du décor, soit les trucs à savoir du genre : de qui se méfier, ne pas avoir l’air trop naïf, comment se démarquer, le salaire, etc. Il a maintenant ses propres shows et offre aussi des contrats à l’extérieur du bar.

Un look ne se crée pas d’un coup de baguette magique, et c’est ce que Ms Boum Boum tente de nous démontrer dans les photos qui suivent. Parce que seulement le maquillage, ça a pris pas loin d’une heure. Et ça ne compte pas le temps de magasinage, et surtout la pratique des chorégraphies et l’apprentissage des chansons par cœur!

Vraiment pas évident tout ça vous me direz! C’est vrai que ça demande beaucoup de temps, de travail et d’argent. Parce que souvent, les profits vont plus qu’autrement dans les perruques, les costumes et le maquillage. Mais au fond, c’est ça une passion. Quand on aime ce que l’on fait, c’est pas l’argent qui compte, mais la gratification. Ms Boum Boum dit en retirer amplement de ce qu’elle fait, parce que toute la valorisation de son travail lui revient pendant sa performance.

Mais comment ça se passe, LA soirée?

D’abord, me dit-il, c’est la transformation. Parce que Ms Boum Boum est Henri dans le jour et termine son autre emploi à 21 h. Il se rend tout de suite après au bar. Dans la voiture, c’est le vernis à ongle, au bar, c’est le maquillage. Les costumes préparés la veille sont dans son sac, il ne lui reste qu’à pratiquer son opening et son closing dans les loges, et vers 22 h, it’s showtime!

Il a trois spectacles différents à faire par soirée, et ça finit vers minuit. Mais ce n’est pas réellement fini. Parce qu’après, il doit entertainer le public. Ça consiste donc à intégrer la foule et à accepter les verres et à danser, tout ça jusqu’à 3 h…. Ouf ! Enfin, taxi, démaquillage, dodo, parce que le lendemain, ça recommence! Wow!

Pour ce qui est de Louis-Charles, c’est une histoire un peu plus low profile, pour l’instant…

Louis-Charles a toujours su qu’il était homosexuel, mais n’a découvert sa nouvelle passion pour le drag que récemment. Ironiquement, tout a commencé à l’Halloween. Il avait décidé de se déguiser en Lindsay Lohan (haha!) et il se trouvait vraiment belle! Selon lui, le feeling d’être lui-même à travers un personnage qui ne lui ressemblait pas du tout a été révélateur. Depuis, il achète de plus en plus de vêtements et d’accessoires féminins (ou emprunte les miens lol) et s’amuse à faire des shootings, à se pratiquer à se maquiller, à danser et à personnifier son personnage.

Déjà jeune, Louis-Charles était déjà inconsciemment attiré par ce monde. Il me raconte souvent des anecdotes du genre : « Ma sœur m’a souvent pogné à danser avec les souliers de ma mère sur du Beyoncé ».

Ou bien : « Je me maquillais souvent en cachette, mais une fois avant d’aller magasiner, je m’étais lavé trop rapidement et mon père m’a demandé pourquoi j’avais des brillants partout dans le visage ».

Bref, il était gay, mais pas seulement attiré par les hommes. Il était aussi attiré par tout ce qui touche l’esthétisme, la musique et l’art d’être une femme.

Louis-Charles est un garçon plutôt timide de prime abord, et c’est en Qwani$ha qu’il exprime son amour pour la mode, le pop-art, et son côté sexy. Son style de drag-queen se tourne de plus en plus vers un look grunge 90’s, mais avec l’élégance digne des modèle de Vogue, selon moi. Grand, svelte, lèvres pulpeuses, personnalité coquette, il semble prédestiné pour une carrière de drag-queen.

Voici un petit shooting que nous avons eu pas mal de plaisir à faire!

Bref, pas mal plus compliqué que ça en a l’air être une drag-queen, mais pas mal plus l’fun aussi! Peu importe la drag-queen, chacune a son histoire bien à elle. Et oui, je dis bien ELLE, parce qu’une fois le pénis tapé dans un bas de nylon, c’est presqu’une vraie femme…! Mais sans rire, c’est vrai qu’il en faut du courage pour ainsi s’afficher, ça exige tellement de travail, d’acceptation de soi-même et une grande ouverture d’esprit, la seule chose qu’elles demandent en retour, c’est un peu de compréhension et d’appréciation de notre part. Alors, allez donc faire un tour au Drague : divertissement garanti!

Caroline Prud’homme, réviseure.

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