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Chroniques d’un tree planter : pas si facile!

5h30, l’herbe se débarrasse tranquillement du givre de la nuit glaciale et les planteurs émergent de leurs sacs de couchage. Le départ pour le travail est à 6h30, donc les choses doivent s’enchaîner rapidement. On prépare son sac (imperméable (Dieu fasse en sorte que nous n’en ayons pas besoin), papier de toilette, Duct tape, gants, chasse-moustique, crème solaire), on revêt nos vêtements les plus chics (ironie) et on suit l’odeur de la bouffe. Une des plus belles choses à propos du tree planting est certainement le fait d’être nourri tous les jours. On se gave, question de supporter les 11 heures de travail de la journée, et c’est le départ.

7h30, la température grimpe timidement – nous sommes épargnés, du moins pour l’instant, de la présence des moustiques – et c’est l’heure de remplir ses sacs d’arbres pour la première fois de la journée. C’est un moment franchement pénible où il faut dire adieu à l’indolence du matin, à la sieste que nous faisions dans le camion, à tout confort. C’est l’heure d’entrer sur le terrain de combat, de se mettre à suer à grosses gouttes et de retrouver le rythme de la veille.

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12h00, le soleil tape, les ostie de bibittes prennent nos corps comme buffet, nous avons tous soif et faim, mais nous ne nous accordons pas vraiment de pause. Comme planteur, il faut continuellement se mettre au défi, se donner des objectifs ambitieux. Planter des arbres durant 10, voire 11 heures, sans se chronométrer pour tenter d’atteindre un nombre d’arbre en particulier, relève du suicide mental. On remplit nos sacs pour la troisième ou quatrième fois, dépendamment de la productivité de chacun. Ce qui nous paraissait tout léger au début de la journée devient un lourd fardeau. Cependant, on avance! Il y a trop d’argent en jeu. On souffre en silence dans la solitude de nos bouts de forêts assignés que l’on doit faire revivre.

17h30, le dernier arbre est enfin planté. Les lèvres gercées et asséchées, le corps déshydraté, meurtri des milliers d’obstacles que nous n’avons pas su éviter totalement, les jambes vacillantes, le ventre criant à l’aide, le cou perdu sous les piqûres, les mains pleines d’échardes ; voici venu le moment de se relâcher et de se défaire de nos sacs. Quel indescriptible moment de soulagement et de contentement. C’est fait! L’argent est accumulé et le repas de ce soir sera d’autant plus délectable qu’il sera la récompense à une journée où nous avons tout donné.

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19h00 et une grave concentration de fringale envahit le camp des planteurs. C’est le retour à la maison, à la chaleur humaine, à une forme de vie acceptable. On se sert des portions complètement démesurées et on savoure chaque bouchée avec tellement de bonheur. Dormir, manger, se doucher, prendre une bière entraîne pour les planteurs un état de bien-être que personne d’autre ne peut comprendre. On se raconte à quel point nos conditions sont insupportables, mais on en rit les poches pleines. L’espace d’une heure, nous vivons réellement, mangeant, riant, ensemble.

20h30 et nos paupières se ferment d’elles-mêmes. Un baume de sommeil pour mieux retrouver notre enfer.

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