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Ode à Québec

Il y a quelques jours, je suis parti du bercail.

Bon, ce n’étais pas une fugue (bien que parfois, j’en aurais eu particulièrement envie), ni une expulsion (même si j’ai passé assez proche par moments). C’était plutôt par nécessité pour mes études universitaires.

Quand on passe plus de dix ans à s’ancrer dans une maison, un quartier, une ville, c’est toujours assez difficile de la quitter. Cette petite douleur lors du départ, j’ai décidé de la traduire en un petit texte reflétant ce qui m’attache si fort à cet endroit, endroit dont je devrai désormais faire le deuil. Mais que dis-je? Sûrement n’importe quoi.

Six heures du matin. Une calme musique qui s’installe me ramène à la réalité. Couché dans un lit étroit, je commence lentement, malgré moi, à m’extirper de la couverture qui me garde au chaud, m’exposant ainsi au froid glacial qui règne dans la chambre. En jetant un coup d’œil à travers la fenêtre, je peux voir que des flocons ont déjà empli le ciel et valsent doucement dans l’air, bercés par le vent, alors que le soleil, lui, ne s’est pas encore montré le bout du nez. Debout, pieds nus sur le plancher, je m’empresse d’enfiler une paire de jeans et de trouver deux chaussettes qui vont ensemble, tout en endossant un coton ouaté par-dessus le gilet avec lequel j’ai passé la nuit.

En verrouillant la porte de ma maison, je jette un coup d’œil rapide au thermomètre, qui indique une vingtaine de degrés sous zéro. Même avec une tuque, une paire de gants et un foulard, la transition soudaine vers l’air glacial réussit à m’infliger un petit frisson. Dehors, tout est couvert de neige : les toits, les terrains, les routes. Je marche paresseusement vers l’arrêt d’autobus dans un décor qui semble figé dans le temps. Les voisins sont loin d’être réveillés à cette heure matinale.

Je pousse un soupir de soulagement quand l’autobus arrive finalement. Une douzaine d’étudiants, portant tous un sac à dos couvert aussi par la neige, s’avancent dans le transport déjà bondé. Je réussis à dénicher un siège près d’une fenêtre et m’endors rapidement. Autour de moi, les discussions usuelles ont lieu. « Tu as entendu ça? Les Canadiens de Montréal ont perdu contre les Maple Leafs encore hier. » « Les frais de scolarité ont encore augmenté cette année, c’est la faute du maudit Parti Libéral! » déclare une voix assez forte pour que tout le monde puisse l’entendre. S’en suit une vague de brouhaha et de contestations provenant de différents endroits le long de l’autobus. Dans mon sommeil, j’esquisse un léger sourire.

Ouvrant mes yeux, je réalise assez rapidement mon emplacement en jetant un coup d’œil à travers la fenêtre de l’autobus. Le Vieux-Québec est le cœur de la ville : quittant tout juste l’autoroute, nous sommes accueillis tout d’abord par une série d’édifices aux architectures contrastantes. Le plus marquant d’entre eux est sans doute celui à l’architecture française, orné d’une élégante fontaine circulaire en son devant : l’hôtel du Parlement de Québec. Pas trop loin en arrière, une construction de couleur bronze, à l’architecture européenne, sillonne l’horizon : c’est le Château Frontenac. Il y a de cela plus de quatre siècles, les Français se sont établis ici et ont défendu vaillamment la ville contre les forces anglaises. Les murs de pierre et les canons sont demeurés intacts, vestiges d’une époque maintenant révolue. Derrière tout cela, se trouve le champ de bataille sur lequel s’est déroulé l’engagement final contre les Anglais. Un terrain qui est maintenant brillant de clarté durant l’été, en raison de la végétation qui y sévit.

Un petit son de cloche me ramène de mes pensées et me rappelle que l’autobus est arrivé à destination. Épaulant mon sac, je m’engage à nouveau dans le froid de l’hiver et me mets à marcher les quelques centaines de mètres qui me séparent de ma destination. En entrant dans le cégep, je retrouve à nouveau cette familière sensation de satisfaction. Les deux années passées ici avec mes amis, qui ont le même âge et la même ambition que moi, ont définitivement été les meilleures de ma vie jusqu’à maintenant. La classe est emplie d’étudiants motivés et débordants d’énergie, dirigés par des professeurs compétents et qualifiés. Les pauses sont un mélange de rires et de conversations ardentes. C’est avec impatience que je déballe mon sac à la recherche d’un crayon et d’un cahier. La journée s’annonce bien.

Par Foan Song

Source photo de couverture

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